Un classement final sans appel : Nîmes relégué, Nancy et Le Mans en Ligue 2
Le rideau est tombé sur la saison 2024-2025 du championnat National, et le verdict est sans appel pour le Nîmes Olympique. Avec 28 points glanés en 32 journées, les Crocos ferment la marche d’un championnat réduit à 17 clubs, conséquence directe de la rétrogradation administrative des Girondins de Bordeaux à l’intersaison. Ce triste épilogue condamne les Nîmois à une nouvelle relégation, un an après leur descente de Ligue 2.
Au sommet du classement, l’AS Nancy-Lorraine, fort de 65 points (20 victoires, 5 nuls, 7 défaites), est couronné champion de National et retrouvera la Ligue 2 la saison prochaine. Elle sera accompagnée de Le Mans FC, solide dauphin avec 58 points. Le club sarthois valide ainsi son retour dans le monde professionnel après plusieurs saisons d’attente.
Le suspense reste entier pour le troisième billet : Boulogne-sur-Mer, 3e avec 56 points, devra passer par un barrage d’accession face au 16e de Ligue 2, Clermont Foot. Une double confrontation à enjeu élevé qui scellera définitivement les montées et descentes entre les deux divisions.
À l’autre extrémité du classement, la Berrichonne de Châteauroux (16e, 33 pts) accompagnera Nîmes en National 2. Une relégation douloureuse pour deux clubs historiques du football français, incapables de redresser la barre malgré une saison longue de 32 matchs.
Côté nîmois, le bilan comptable résume à lui seul les difficultés traversées :
6 victoires
10 matchs nuls
16 défaites
28 points
17e place et -17 de différence de buts
À domicile comme à l’extérieur, un Nîmes en perdition
En analysant les classements séparés à domicile et à l’extérieur, une réalité s’impose : le Nîmes Olympique a été en grande difficulté partout. À domicile, les Crocos terminent 14e sur 17 avec seulement 21 points en 16 matchs, à égalité avec Versailles, Sochaux et Paris 13. Malgré quelques sursauts devant leur public, notamment face à Boulogne ou Concarneau, les joueurs n’ont jamais réussi à faire du Stade des Antonins une forteresse.
Mais c’est surtout à l’extérieur que le constat est alarmant : derniers du classement visiteurs avec un total famélique de 7 points pris en 16 déplacements. Les Nîmois n’ont remporté qu’un seul match loin de leurs bases, et ont affiché une différence de buts de -17 hors de leurs murs. Un chiffre qui en dit long sur les limites mentales, tactiques et physiques de l’équipe en voyage.
Ce double échec confirme que la relégation ne tient pas d’un simple manque de réussite : le Nîmes Olympique 2024-2025 a été structurellement trop faible pour exister
Le Nîmes Olympique paie une saison où les promesses de stabilité et de rebond n’ont jamais été tenues, avec une efficacité offensive trop faible et une défense régulièrement mise en difficulté. Le chantier s’annonce immense pour reconstruire en National 2.
Objectifs initiaux et chute historique : du rêve de remontée au cauchemar du National 2
Lorsque la saison 2024-2025 du championnat National a démarré en août, l’objectif affiché au Nîmes Olympique était clair : jouer les premiers rôles et, à défaut de remonter deux ans après sa relégation de Ligue 2, stabiliser le club parmi les meilleurs de la division. Relégué sportivement de Ligue 2 au printemps 2023, le club gardois comptait sur une saison de transition pour se reconstruire sportivement tout en redorant son image, fragilisée par des décisions de gestion contestées.
Mais sur le terrain comme en coulisses, rien ne s’est déroulé comme prévu. Instabilité dans le staff, effectif partiellement renouvelé, communication réduite, ambiance délétère avec les supporters… Les signaux d’alerte n’ont cessé de clignoter. Les résultats ont plongé semaine après semaine, sans que la dynamique ne puisse être inversée. La nomination d’Adil Hermach en avril 2024, sans diplôme d’entraîneur reconnu par la FFF, n’a rien changé à la trajectoire en chute libre depuis 18 mois maintenant.
Au-delà d’un simple échec sportif, cette relégation actée au terme d’un exercice raté est historique. En l’espace de quatre ans, le Nîmes Olympique est passé de la Ligue 1 (saison 2020-2021) au National 2. Une descente vertigineuse et inédite dans l’histoire du club, fondé en 1937. Pour la première fois depuis sa création, le Nîmes Olympique va perdre son statut professionnel, un statut qu’il avait su préserver même dans les périodes de crise du début des années 2000.
Le choc est immense pour les supporters, d’autant plus que la gouvernance de Rani Assaf, président depuis 2016, est largement pointée du doigt. Le Stade des Antonins, stade provisoire qui n’a plus rien de provisoire esthétique loin d’atteindre les standards d’un club ambitieux, apparaît désormais comme le symbole d’un projet à la dérive.
Un mercato estival marqué par de nombreux mouvements
À l’aube de la saison 2024-2025, le Nîmes Olympique a connu un mercato estival particulièrement actif, avec plusieurs arrivées et départs visant à restructurer l’effectif en vue des objectifs fixés. Cependant, malgré ces ajustements, l’équipe n’a pas réussi à atteindre les performances escomptées. En cause un budget trop restreint et un projet peu attrayant pour les joueurs rejoignant le club.
Simon Ngapandouetndu, arrivé comme gardien titulaire suite au départ de Tao Paradowski signe 11 clean Sheets (matchs sans encaisser de but) le troisième meilleur total de la saison de National
Un mercato d’hiver minimaliste, symptomatique d’un club résigné
Alors que la situation sportive du Nîmes Olympique était déjà critique à mi-saison, le mercato hivernal n’a guère changé la donne. Une seule recrue est arrivée, tandis que deux départs ont été actés, confirmant l’absence de réorientation stratégique dans un club en perte de vitesse.
Malgré un nom prometteur, Aaron Malouda – fils de l’ancien international français – n’a pas eu l’impact espéré. Cantonné à un rôle secondaire, il n’a pas réussi à combler les manques dans l’animation offensive.
Une attaque toujours dépendante d’Abdeldjelil
Ce manque d’ambition sur le marché d’hiver a accentué les carences offensives d’un effectif déjà limité. Seul véritable avant-centre performant, Oussama Abdeldjelil (16 buts) a été isolé en tête de l’attaque tout au long de la saison. Aucun autre joueur n’a franchi la barre des 3 buts, et les apports offensifs depuis le banc sont restés anecdotiques.
Le club a ainsi poursuivi sa descente aux enfers, incapable de provoquer l’électrochoc espéré pour enrayer la spirale négative. Le choix de ne pas renforcer l’équipe en janvier, ou de ne pas dégraisser plus franchement un groupe sans véritable hiérarchie ni profondeur, apparaît aujourd’hui comme l’un des signaux d’abandon sportif les plus marquants de la saison 2024-2025.
Performances individuelles : un Abdeldjelil omniprésent, peu de relais offensifs.
Tous les autres joueurs de l’effectif (Laurens, Picouleau, Bouaoune, Malouda, Badu, etc.) ont terminé la saison sans inscrire le moindre but, malgré parfois plus de 20 apparitions. L’écart de production offensive entre Abdeldjelil et le reste de l’équipe est frappant : le n°9 algérien a inscrit plus de 76 % des buts nîmois cette saison. Il termine d’ailleurs deuxième au classement des buteurs du championnat à un but seulement de Fahd El Khoumisti, le buteur orléanais.
Du côté des passeurs décisifs, l’effet se fait immédiatement sentir avec Issam Bouaoune, le jeune milieu de terrain de 22 ans qui signe 4 passes décisives (20eme meilleur passeur de national) et termine meilleur passeur du club.
L’encadrement en question : vers un nouveau cycle ?
Nommé entraîneur du Nîmes Olympique en avril 2023 après le départ de Frédéric Bompard, Adil Hermach a dirigé la fin de saison 2023-2024 dans un rôle d’intérimaire avant d’être confirmé au poste d’entraîneur principal et ce malgré l’absence de diplôme. Ancien milieu de terrain international marocain, passé notamment par Nîmes et Lens, il n’a toutefois pas les diplômes requis pour entraîner au niveau National, une dérogation lui ayant permis d’entraîner dans l’anti-chambre du monde professionnel. Une dérogation qui aura coûté 250 000€ au club pour l’exercice 2024-2025.
Avec la relégation en N2, la situation pourrait évoluer. Si la quatrième division permet d’entraîner sans le BEPF (Brevet d’Entraîneur Professionnel de Football), le club pourrait faire le choix d’un nouveau projet technique, incarné par un coach d’expérience pour encadrer une reconstruction ambitieuse. En interne, Hermach ne devrait pas être reconduit, selon plusieurs sources proches du club.
Sébastien Larcier également sur le départ ?
Arrivé en 2022 comme directeur sportif, Sébastien Larcier n’a pas su enrayer la spirale négative. Marqué par des recrutements hasardeux, un effectif déséquilibré et une instabilité chronique sur le banc, son bilan est contesté.
Son avenir s’écrit en pointillés. Sauf retournement de situation, son départ semble inéluctable à l’issue de cette saison noire. Un nouveau cycle pourrait ainsi s’ouvrir, avec la mise en place d’une cellule de recrutement repensée, en lien avec la réalité économique du National 2.
Un staff technique restreint et méritant
Derrière Hermach, la feuille de match contre Orléans (J34) révèle la composition d’un staff qui a fonctionné avec très peu de moyens humains et logistiques durant toute la saison :
Anthony Lombardo – kiné
Aurélien Boche – adjoint en charge de la préparation phydique(et ex-défenseur du club)
Stjepan Cvitkovic – entraineur adjoint
Jérémy Struffaldi – entraîneur des gardiens
Ces membres du staff, parfois sollicités bien au-delà de leur fonction initiale, ont accompagné les joueurs dans un contexte instable, souvent sans soutien renforcé de la direction ni structure médicale suffisante. Leur avenir est également incertain, bien qu’ils aient été unanimement salués pour leur professionnalisme.
Une indiscipline chronique : Nîmes parmi les plus sanctionnés du championnat
Si les résultats sportifs du Nîmes Olympique ont été catastrophiques, le comportement sur le terrain ne redore pas le blason du club. Avec 82 cartons jaunes, 1 exclusion directe et 2 exclusions pour double avertissement, les Crocos totalisent 95 points de pénalité, ce qui les place 15e sur 17 au classement du fair-play du National.
Seuls Valenciennes (96 pts) et Sochaux (97 pts) font pire. À l’inverse, des clubs comme Nancy (67 pts), Villefranche (68) ou Aubagne (70) ont su faire preuve de maîtrise.
Ce chiffre trahit une saison marquée par la nervosité, l’agacement et l’impuissance, autant d’attitudes symptomatiques d’un collectif en perte de repères. Cette accumulation de sanctions reflète autant le manque de discipline que l’absence d’un cadre stable et structurant au sein du groupe.
En somme, le Nîmes Olympique a perdu sur tous les tableaux : au score, au classement, et dans l’attitude.
Billet d’humeur – Le Nîmes Olympique a perdu son âme
Il n’y a pas que les points qui s’effacent au classement. Il y a aussi les illusions. Les couleurs. L’identité. Ce qui faisait battre le cœur d’un club que l’on appelait autrefois « les Crocos », fiers, populaires, rugueux mais vivants. Ce Nîmes Olympique-là n’existe plus. Celui de 2025 n’est plus qu’un écho lointain, prisonnier d’un stade sans charme, d’un silence en tribunes, d’une direction absente, d’un projet qui n’en est pas un.
En quatre ans, le club est passé de la Ligue 1 aux tréfonds du football amateur. Et ce n’est pas qu’une question de résultats. C’est une faillite collective, une agonie à huis clos. Les supporters ont plié les banderoles. Les jeunes ne rêvent plus de jouer en rouge. Les anciens détournent le regard. Qui aurait imaginé un tel effondrement en si peu de temps ?
On ne relèvera pas un club avec des slogans ou des coups de bluff. Il faut du respect, du dialogue, de la clarté, de l’envie. Il faut redonner une âme à ce blason. Peut-être qu’en National 2, entre les buvettes de district et les virages en béton, quelque chose renaîtra. Mais ce ne sera possible que si le club change. Pas seulement de division, mais de cap.
Car on ne descend pas par hasard. On tombe quand on oublie d’où l’on vient, pour qui on joue, et ce que représente un maillot. Nîmes a perdu tout ça. Il serait temps de le retrouver.
Rémi Fagnon
A tout juste 22 ans, le benjamin de l'équipe Rémi a fait du journalisme son terrain de jeu favori ! Vêtu de son costard cravate, ses lunettes teintées, un carnet, un stylo et dégainant son appareil photo à la moindre occasion, Rémi mène l’enquête, avec une ténacité légendaire. C’est aussi un féru de journalisme sportif, pour qui le Tour de France, les matchs de foot et le sport automobile n’ont aucun secret. Son talent caché : lors d’une interview téléphonique, à peine a-t-il raccroché, que son article est déjà prêt.
Ce qui nous attend la saison prochaine :
16 clubs
Matches le samedi entre 18 heures et 20 heures
1 montée, 3 descentes
En cas d'égalité, c'est le goal-average particulier qui compe
Le championnat de National 2 débutera le samedi 16 août et il se terminera le 16 mai 2026 à l’issue de la 30ᵉ
journée.