Le 11 septembre 1932, il y a 80 ans, se disputait la première journée du premier championnat de France professionnel.

 

Vingt équipes, réparties en deux groupes, disputent le premier championnat de France de football professionnel. Vingt clubs, dont quatre parisiens, qui ont obtenu auprès de la FFFA (Fédération Française de Football-Association) le statut de club de football autorisé à employer des joueurs professionnels. Ce statut avait été validé le 17 janvier 1932 et très rapidement, les choses se sont mises en place. L’Olympique antibois s’est inscrit le premier, devançant les pointures telles le FC Sochaux, l’Olympique Marseille, le FC Mulhouse ou le Red Star. Le Racing Club de France, club omnisport, crée pour l’occasion une sorte de filiale, le RC Paris.

 

Il y a bien sûr des opposants au professionnalisme. Tel Henri Jooris, le président de l’Olympique lillois, qui tient à ce que son club reste amateur. Mais il trouve une forte opposition… au sein même de son club, où le bureau a voté en faveur du foot pro. Tout ça parce que le petit voisin, le SC Fives, venait de s’inscrire et risquait bien de leur chiper le statut de club numéro un de Lille.

 

La première journée de la Division Nationale, c’est le nom officiel de ce championnat, est fixée au dimanche 11 septembre 1932.

 


Les résultats de la journée

 

Groupe A
Excelsior Roubaix - FC Sète 0-3
FC Mulhouse - Club Français 2-3
OGC Nice - SC Nîmes 2-3
RC Paris - Hyères FC 2-1
Olympique Lillois – Olympique Marseille 1-2

 

Groupe B
AS Cannes - SC Fives 5-5
FC Metz - Stade Rennais 1-2
FC Sochaux - CA Paris 1-3
Red Star – Olympique Antibes 2-3
SO Montpellier - Alès 2-0

 

 

 

Les gestes

"Quatre minutes après la reprise, à la suite d’une ouverture de Jennings et d’une intervention manquée de Vandooren, Pépito [Alcazar] reprenait magnifiquement d’un shoot foudroyant contre lequel Desfossés n’esquissait aucun geste." 
("Le Petit Marseillais" du 12 septembre 1932)

 

"Les premières minutes sont à l’avantage du R.S.O. qui débute très vite, mais à la suite d’une descente de Belko, le jeu se cantonne dans les 25 mètres des Parisiens et Benès marque à la 5e minute, un but facile." 
(L’éclaireur du 12 septembre 1932, à propos du but de… Klima)

 

 


L'Olympique lillois. À l'époque, les joueurs sont encore polis et bien coiffés.

 

 


Les faits notables

Sept rencontres sur dix se terminent par une victoire à l’extérieur. Parmi lesquelles quelques surprises comme la victoire du CA Paris à Sochaux ou celle d’Antibes sur le terrain du Red Star. Le choc OL-OM de cette première journée voit aussi une victoire des visiteurs, au terme d’un match émaillé d'incidents.

 

On relève également un seul match nul mais ô combien offensif: 5-5 entre Cannes et Fives. Alors que les Cannois ont raté un penalty, les Fivois mènent 2-0 à la pause puis 3-0 à la reprise. Mais Cannes revient dans la course en inscrivant trois buts en six minutes! Fives réplique par deux fois. En toute fin de partie, deux coups de patte de génie de Crut permettent à l’AS Cannes d’arracher le match nul.

 

Grâce à son triplé contre Cannes (5-5), le Fivois André Cheuva prend la tête du classement des buteurs. Il est poursuivi par une meute de joueurs qui ont inscrit deux buts: Alcazar (Marseille, contre Lille), Cabannes (Sète, contre Roubaix), Chalvidan (Nîmes, contre Nice), Crut et Fecchino (Cannes, contre Fives), Diagne (RC Paris, contre Hyères), Klima (Antibes, contre le Red Star), Mercier (Club Français, contre Mulhouse), Meyer (CA Paris, contre Sochaux), St-Pé (Fives, contre Cannes) et Zavadsky (Montpellier, contre Alès).

 


Le Mémorial de la Loire, 12 septembre 1932.

 

 

 

 

 

Antibes, à jamais les premiers

Le premier but de cette journée, et donc de l’histoire du championnat, est inscrit à Paris au Stade Elisabeth, à la 7e minute du match Red Star-Antibes. C’est l’attaquant autrichien Johann Klima, de l’Olympique Antibes, qui ouvre le score et lance son équipe vers la victoire (2-3). En même temps que le premier but, Johann Klima déclenche la première "affaire" de l’histoire du championnat. L’Autrichien n’aurait en effet pas dû être aligné car il n’était pas encore qualifié. La Fédération passera l’éponge sur l’incident.

 

L’Olympique d’Antibes a le goût des premières. Il est le premier club à avoir accédé au statut professionnel. Un empressement qui n’a rien d’innocent. Nul n’ignore que le club azuréen rétribue depuis longtemps une grande partie de ses joueurs, en toute illégalité. Antibes achèvera définitivement sa sulfureuse réputation lors des dernières journées de ce premier championnat, en se retrouvant déclassé de sa première place du groupe B, et donc privé de finale, pour avoir tenté de corrompre ses adversaires. Une jolie pierre, d’entrée, dans le jardin du foot professionnel.

 

 


Olympique Lillois – Olympique Marseille (1-2)

 


L’Olympico
Le match des Olympiques, entre Lille et Marseille, disputé devant 5.000 spectateurs, est d’une grande brutalité. L’OM s’impose 2-1, deux buts de Pépito Alcazar (51e, 65e) contre un de Barrett (80’) pour l’OL.

 

 

Le stade sans match
Le stade de Colombes est prévu pour être le théâtre de cette première journée de championnat: les organisateurs ont imaginé un après-midi où se seraient succédées deux rencontres, RC Paris-Hyères puis Red Star-Antibes. Projet annulé à la demande des deux clubs visiteurs.

 


La surprise
La grosse surprise survient au Stade de la Forge, où le FC Sochaux se retrouve mené 0-3 par le CA Paris, qui a bénéficié de deux penalties. Leslie, meilleur Sochalien du match, sauve l'honneur des Lions en deuxième période.

 


L’absent
Le Yougoslave Ivan Beck est le grand absent de cette première journée. Cela n’empêche pas son club, le FC Sète, de s’imposer à Roubaix. Devant 5.000 spectateurs, les Dauphins l'emportent sur le score de 3-0 – un but de Drigall et deux de Cabanes, tous inscrits en deuxième période.

 


Home sweet home
Le RC Paris (2-1 contre Hyères) et le SO Montpellier (2-0 contre Alès) sont les deux seules équipes à s’être imposées à domicile. À Jean-Bouin, devant 3.000 spectateurs, c’est Raoul Diagne qui inscrit les deux buts du Racing. À Montpellier, les deux buts sont au crédit du Hongrois Zavadsky.

 


Crocodiles pur malt
Deux Écossais, Alec Cheyne et Andrew Wilson, font la pluie et le beau temps du Sporting Club nîmois, qui s’impose 3-2 à Nice au stade Saint-Maurice. Et c’est Chalvidan qui marque les buts: le premier après une percée dans la défense, le deuxième de la tête en reprenant un coup franc de Wilson. Vincent est l'auteur du troisième but des Nîmois alors que Lijka et Dénégri sauvent l’honneur.

 


Mulhouse-Club Français
Mulhouse est battu (2-3) par le Club Français, buts de Bilger et Kaufmann contre Mercier (2) et Laurent.

 


Metz-Rennes
À Metz devant 3.000 spectateurs, le FCM ouvre la marque dès la 13e minute par Eckerlen bien servi par Buhrer. Immédiatement après, les Messins inscrivent un deuxième but, refusé pour hors-jeu. En seconde période, Rennes revient dans la partie et s’impose en marquant deux buts, par Kaiser et Dominique.

 

 

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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