Antoine Sauli, ancien patron de Catavana, sponsor emblématique du club de 1986 à 1992, est décédé le 24/04/2023 au CHU de Nîmes. 

Il était surnommé Toni par ses proches. Antoine Sauli est décédé ce lundi matin, au CHU de Nîmes, après avoir été hospitalisé hier. Il allait fêter ses 80 ans cette année. Ancien patron de la marque d'outillage Catavana, il a été le sponsor principal du Nîmes Olympique de 1986 à 1992. Son nom est fortement lié aux années de présidence de Jean Bousquet. L'entrepreneur aura connu la remontée du club en D1 en 1991. 

Alors qu'il passait sa retraite en Corse, celui que l'on surnommait parfois le Bernard Tapie nîmois revenait souvent dans la capitale gardoise. "C'était un mec exceptionnel que j'ai surtout découvert après ma carrière. On ne s'est plus quitté et j'ai passé de grands moments avec lui", réagit avec émotion l'ancien joueur Alain Espeisse. 

Ce chef d’entreprise fait partie de l’histoire du Nîmes Olympique car avec sa marque d’outillage Catavana, il a été sponsor du club de 1986 à 1992 sous la présidence de Jean Bousquet. Une personnalité qu’a bien connu René Girard revenu au NO en 1988 pour terminer sa carrière de joueur avant de prendre des fonctions au club. « C’est quelqu’un que j’appréciais beaucoup et je pense que c’était réciproque. C’était un fonceur qui croyait en ce qu’il faisait. Il avait des ambitions et je pense qu’il aurait aimé devenir président. Il avait travaillé pour ça et il aurait fait avec grand plaisir », commente l’ancien international. En 1995, Antoine Sauli faisait partie des candidats pour reprendre le club mais cela ne s’est finalement pas fait. René Girard se souvient surtout de la période où il avait ensuite la charge du recrutement aux côtés de celui que l’on surnommait le Bernard Tapie nîmois. « On était en deuxième division et quand on voulait aller voir rapidement un joueur, il mettait à disposition son petit avion de sept, huit places. On a pas mal tourné ensemble. Je me souviens d’une expédition au Portugal », complète le Vauverdois qui avait revu « Toni » lorsque les deux hommes étaient ensemble sur le plateau d’Objectif Gard en octobre 2021. Ils s'étaient également recroisés un an plus tard pour célébrer les 40 ans de l'Amicale des anciens du Nîmes Olympique. 

L'entrepreneur Corse fondateur de la marque d'outillage Catavana fait partie de l'histoire du Nîmes Olympique après avoir été le sponsor principal du club de 1986 à 1992, durant les années de présidence de Jean Bousquet. C'est notamment lui qui avait contribué à faire venir Éric Cantona chez les Crocos en 1991. Ce mercredi après-midi (26/04/2023), ses obsèques se sont déroulées à l'église Saint-Paul de Nîmes. Une centaine de personnes étaient rassemblées pour rendre un dernier hommage à celui qui était surnommé "Toni" par ses proches. Dans l'assistance, quelques personnalités du Nîmes Olympique étaient présentes : l'ancien directeur général, Alain Gazeau, le docteur Jean-Charles Pierret, l'ancien secrétaire, Jean-Pierre Vaillant, et les anciens joueurs Michel Mézy, Patrick Champ, Daniel Sanlaville et surtout Alain Espeisse. Après sa carrière de joueur, le Nîmois était devenu un ami proche d'Antoine Sauli. Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, et le président de Nîmes métropole, Franck Proust, ont également assisté à ces funérailles. 

ANTOINE SAULI DES PODIUMS RICARD A TELE FOOT OU L’HISTOIRE EXCEPTIONNELLE D’UN SELF MADE MAN

L’histoire d’Antoine Sauli pourrait être comparée à celles de Bernard Tapie ou Alain Afflelou. Des hommes sortis de milieux modestes qui arrivent à tutoyer les sommets grâce à leur travail, leur sens du commerce et des méthodes de grands communicants.

Bien que né en Corse en 1943, c’est à Nimes qu’il arrive à l’âge de 5 ans où son père, gardien à la prison centrale, avait été muté. Le petit Antoine grandit dans le quartier de la Planète dans des conditions plutôt modestes et se laisse poursuivre par les études. Ses Grand père et père furent des exemples pour lui. Des hommes travailleurs, pleins de bons sens. Son grand père, durant la guerre, fut attrapé par les italiens qui lui coupèrent avec une hache les doigts de pieds. Il portait dès lors des chaussures orthopédiques et, malgré le handicap, il se tapait deux heures de marche pour s’occuper de son troupeau de chèvres et faire vivre la famille. « J’ai vu mes parents tirer la langue et je ne voulais pas vivre ça » déclara t il dans une interview de Norman Jardin dans Objectif Gard.

« Antoine était un beau gosse et s’attirait tous les regards des filles lors des soirées » rapportait à sa fille anaîs, son ami de jeuneusse Jean Pierre Gazeilles. Outre le coté séducteur, il s’avère que le petit Corse a un bagout exceptionnel. Ce bagout le propulse sur les podiums de la société Ricard qui animent les stations balnéaires l’été. « Plus il y avait du monde et plus il était à l’aise ». Un ami lui demande un jour de faire un essai ; il est concluant et Antoine, alors âgé d’une vingtaine d’années, fréquente les Carlos, Sylvie Vartan, Daniel Guichard et autres artistes des tournées.

Il faut dire qu’Antoine a déjà mis le pied à l’étrier professionnellement. Dans les années 60, il rejoint un vendeur d’outils qui exerçe sur les places de villages avec un vieux camion. C’est ainsi que notre Corse débute dans l’outillage. Grâce à son talent de vendeur, il se retrouve rapidement sur un boulevard de Paris avec un petit coffret d’outillages et fait le bonimenteur. Il vend toute la marchandise et, signe son premier contrat de travail.

Après un apprentissage rapide, il décide de voler de ses propres ailes. Il demande une somme dérisoire à ses parents et part à Saint Etienne pour acheter de l’outillage. Il écume les villages au volant de son camion. Le succès est fulgurant. Avec son épouse Sylvette, ils créent France Vanadium (le Vanadium est un métal blanc argenté comme les outils) en janvier 1976. Antoine fait fabriquer ses outils à l’étranger et arrive à tirer des prix bien plus compétitifs que la concurrence. La vente s’effectue en grande partie par catalogue, d’où le changement de nom en 1982 pour CATA-VANA (contraction de catalogue et Vanadium).

Le procédé commercial est simple. Catavana envoie les catalogues aux clients avec un bon à remplir et une date du passage du camion dans les villes et communes. Chaque client vient récupérer sa marchandise et paie au « cul du camion ». Antoine et Sylvette sont des battants et des employeurs humains, comme nous le précise Gerard Rosettich, abonné de RJB. « Je suis rentré chez Catavana en 1987, j’étais en intérim et tous les matins je me levais et prenais mon vélo depuis le Chemin-Bas pour aller travailler à Saint Césaire. Je m’occupais juste de charger les camions. Un jour, j’attrape une grippe et donc je pose un arrêt de maladie. Au retour dans l’entreprise, Mr Sauli m’attrape et me dit ; « Je n’aime pas trop ça, dans la vie il faut s’accrocher, accroche-toi ! ». Je lui explique, certificat médical à l’appui, que j’avais bien été malade. L’affaire se passe. Quelques temps après, un matin, il revient vers moi et me dit : « Ca ne va pas ! ». Je me suis dit « Qu’as-tu fait encore » ? Il me répète : « ça ne va pas, vous méritez mieux que ce poste de manutentionnaire. Vous allez passer dans les bureaux au service de l’expédition ». Monsieur et Madame Sauli venaient de me donner ma chance, ils m’ont fait confiance et aujourd’hui si j’en suis là où j’en suis, c’est grâce à eux. Je leur en suis reconnaissant ».

Parallèlement aux méthodes commerciales usuelles, Antoine, par son amour du sport, veut cibler le monde du football. Il devient le sponsor de l’émission Télé-Foot qui fait le plein d’audience le dimanche matin sur TF1. C’est alors que Jean Bousquet l’appelle pour lui demander si le sponsoring maillot du Nimes Olympique pourrait l’intéresser ? Antoine n’hésite pas et dès le mois de mai 1986, Midi Libre annonce l’arrivée de France Vanadium (sic) comme sponsor maillot. Ce n’est que le 27 juin que le maillot officiel est présenté à la presse. Midi Libre titre « Nimes retrouve ses couleurs » (après l’intermède Orange avec Bic). Jean Bousquet expose le maillot floqué de Catavana. C’est le début d’un partenariat que durera 6 ans. Catavana « l’ouragan de l’outillage » est de partout dans le sport. Le foot, les matchs de coupe d’Europe, l’Equipe du Dimanche sur Canal + mais aussi le cyclisme, l’automobile, les rallyes, la formule 3, l’émission « Avis de recherche » et même les guignols de l’info. « Canal + cherchait un sponsor bidon pour la soirée électorale des présidentielles. Ils ont baptisé la marque « Catara-vanana » et une marionnette me représentait. Tout le monde en parlait, c’était tout bénéfice » déclarait-il à Objectif Gard.

Un bienfaiteur comme lui, ne court pas les rues et Nimes Olympique peut compter sur lui. Il sait qu’il investit à fonds perdu, mais peu importe, le passionné du club qu’il est, s’inscrit dans le droite lignée des Chiariny, Calabro, Bousquet qui eux aussi avaient cassé leur tirelire pour le club, à la différence qu’ Antoine n’a jamais été président.

Jean Pierre Vaillant qui était à l’époque le secrétaire du Nimes Olympique peut en témoigner. « Antoine était un homme sur lequel on pouvait compter, un homme généreux, qui n’hésitait pas à sponsoriser, aider, renflouer le club et se montrer présent avec les dirigeants, joueurs, supporters et même les anciens du NO. Il était toujours prêt pour les joueurs à faire preuve de générosité mais aussi créer un esprit familial autour de l’équipe pour instaurer une certaine émulation et arriver à remonter en D1. Je me souviens l’avoir vu offrir des tondeuses et autres caisses d’outils à de nombreux joueurs ».

Alain Espeisse très touché par le décès de son ami Antoine souligne le côté humain de l’homme : « Lorsque je jouais, je n’ai jamais eu de rapport avec lui ; juste « bonjour, bonsoir ». Plus tard alors qu’il connaissait des problèmes avec le justice, je le rencontre sur le marché de Lunel. Il vendait des vêtements sur un stand lors du marché hebdomadaire. Il rencontrait un petit problème d’emplacement et j’ai pu le résoudre. Quelques temps après, alors qu’il venait de monter ses gites en Corse, je reçois un coup de fil : « Bonjour c’est Antoine je t’invite ton épouse et toi en Corse quand tu veux ». Et là commence une histoire humaine incroyable avec lui. Des échanges, des repas, la découverte de la Corse… Un homme humain comme il y en a peu, comme on en croise un ou deux dans sa vie. Antoine Sauli c’était ça »

Pour Michel Mézy, Antoine était un éternel « jeune homme », amoureux de la vie et passionné du Nimes Olympique. « Je me souviens que lors de la montée de 1991, il était comme un enfant, heureux et fier de participer à ce moment. Un jour il me dit : « Je viendrai te chercher dans le port du Grau du Roi avec mon bateau ». Je connaissais la longueur de son bateau et le port du Grau ce n’est pas celui de Saint Tropez ou Monaco. Il est arrivé sous le regard médusé des passant et m’a embarqué à bord. Nous avons bien ri.

Le Nimes Olympique vient de perdre un grand bienfaiteur et Nimes un homme incontournable. Il déclarait : « J’ai eu milles vies et je ne regrette rien. Je me suis bien éclaté ! ». Tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer peuvent être fiers d’avoir partager quelques moments avec lui et appris à son contact, comme l’on peut apprendre des grands hommes.

Merci Monsieur Sauli, merci Antoine.

« Cumu va et Va Bè, Riposa in pace Tony »

Remerciements à Norman Jardin Objectif Gard

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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