Frédéric Bompard : "Ce n'est pas ma décision, mais je n'ai aucune amertume ni aucune aigreur et la seule chose que je souhaite aujourd'hui c'est que Nîmes Olympique conserve son statut professionnel et se maintienne en National. Je continuerai à suivre les résultats de ce groupe", a simplement commenté celui qui n'est plus officiellement entraîneur des Crocos et qui va rester encore quelques jours à Nîmes pour régler des détails administratifs avant de retourner à Reims.
FRÉDÉRIC BOMPARD : « JE NE ME VOIS PLUS ÊTRE L’ADJOINT DE PERSONNE »
Historique adjoint de Rudi Garcia, Frédéric Bompard lance pour de bon, à 60 ans, sa carrière d'entraîneur principal à Nîmes, après un intérim à Guingamp. Si le contexte nîmois n'est pas idéal, cela n'effraie pas le bonhomme aux cheveux longs, déterminé à montrer qu'il peut porter la casquette de numéro un.
PROPOS RECUEILLIS PAR LOÏC BESSIÈRE VENDREDI 6 JANVIER 2023
Vous avez rejoint Nîmes fin novembre. Comment s’est déroulée cette signature ?
Le plus simplement du monde. Quand Nîmes a décidé de se séparer de Nicolas Usaï, les dirigeants m’ont appelé. Je ne pense pas qu’ils aient appelé d’autres coachs, car cela s’est fait vite. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. J’ai accepté de relever le défi, de me remonter les manches. On va essayer de se maintenir.
Nîmes flirte avec la zone de relégation (18e). Ce type de mission commando ne vous fait pas peur ?
Je savais que j’allais avoir ce genre de challenge à relever. Il faut être lucide : je savais très bien que ce n’était pas une équipe en haut du classement qui allait me téléphoner. Pas parce que c’est ma première expérience. En général, quand on se sépare de son entraîneur, c’est que les choses ne vont pas bien. J’avais étudié le championnat avec cette saison particulière. Je me doutais qu’à cette période-là, à la trêve, des équipes de Ligue 2 mal classées chercheraient un nouvel entraîneur.
Justement, pour reprendre une équipe, était-ce plus simple avec cette trêve hivernale rallongée ?
Absolument, ça a été beaucoup plus facile. Je suis resté travailler entre le jour de ma nomination, le 21 novembre, et le jour de la reprise, le 1er décembre. J’ai pu mettre en place des choses avant que les joueurs arrivent. Ensuite, il y a eu les matchs amicaux face à Rodez puis l’OM. C’est plus facile que quand l’on vous dit : « Dans 48 heures, vous allez jouer un match de championnat avec un groupe que vous ne connaissez pas. »
Comment se passent vos premiers pas avec vos joueurs ?
J’ai trouvé un groupe qui s’entend bien avec un état d’esprit exceptionnel ! Il vit bien ensemble, ne se plaint pas. Pourtant, vous savez, les conditions d’entraînement dans lesquelles on se trouve ne sont pas faciles. Que ce soit au niveau des structures en dur ou de la qualité des terrains d’entraînement. Mais on bosse avec ce que l’on a. Je tire mon chapeau à ce groupe qui ne se plaint jamais, mais il y a vraiment des choses à faire à ce niveau-là.
Avez-vous eu de mauvaises surprises en arrivant dans le Gard ?
Le centre d’entraînement de la Bastide, ce n’est pas une mauvaise surprise, mais voilà... Lundi (26 décembre, face à Guingamp), il y avait le premier match au Stade des Antonins. Je tire mon chapeau au président Rani Assaf pour avoir monté une enceinte en si peu de temps. Mais à un moment donné, il faudra s'attaquer au centre d’entraînement, car il y a un vrai travail à ce niveau-là. Il nous faudrait au moins des terrains de qualité pour pouvoir s’entraîner. Mais ça, tout le monde le sait, ce n’est pas nouveau. Je ne vais pas m’en plaindre, c’est juste un constat.
À Guingamp, lors de votre intérim sur le banc (du 1er février au 30 juin 2021), vous aviez réussi à réveiller une équipe un peu dans la même situation : capable de jouer au moins le milieu de tableau sur le papier, mais qui filait en National. Est-ce une situation similaire à Nîmes ?
Je ne sais pas si cette équipe doutait de son football, mais je fais tout pour lui redonner confiance. C’est incomparable avec Guingamp où il y a un centre d’entraînement de niveau Ligue 1. Le Roudourou, c’est la plus belle pelouse en France avec le Parc des Princes. Pourquoi je parle du centre d’entraînement ? Car c’est notre quotidien, là où l’on met les choses en place, où l’on entraîne les joueurs.
Le Nîmes Olympique, c’est une situation difficile entre un stade des Antonins provisoire, des relations tendues entre les supporters et le président et des résultats décevants. Cela ne vous a pas fait réfléchir ?
Non, quand je suis arrivé, j’ai demandé où ça en était, car j’en avais entendu parler et on m’a dit que cela s’était aplani. Pour être franc, depuis que je suis arrivé, les supporters, je ne les ai pas vus. Rien ne m’effraie, vous savez. Mais il ne faut pas oublier que le football, cela reste un jeu, il faut relativiser.
Vous avez réussi à faire partir Thibault Giresse de Guingamp, un petit exploit. Pour une première expérience, était-ce primordial pour vous d’avoir votre staff ?
C’est toujours important d’arriver avec des hommes à soi. Quand je suis parti de Guingamp, j’avais dit au président, Fred Le Grand, que je solliciterais sûrement Thibault Giresse quand je retrouverais un club. Quand l’on a travaillé ensemble, on s’est bien entendus. Lorsque je suis arrivé à Nîmes, je l’ai rappelé. Je crois qu’il n’a pas hésité un instant. Quand Stéph' Dumont est arrivé à Guingamp, il est arrivé avec un adjoint (Pascal Braud), donc il n’avait plus le même rôle. Quand je le vois fonctionner au quotidien, je suis content, je sais que c’est un bon choix. Il y a aussi Tony Ayache, qui était mon analyste vidéo à l’EAG, qui nous a rejoints.
Vous venez d’obtenir le BEPF (Brevet d'entraîneur professionnel de football, NDLR) qui vous a un temps empêché d’exercer. Est-ce un soulagement ?
Je me suis retrouvé à faire une validation des acquis d’expérience. J’ai trouvé ça moyen, mais j’ai dû le faire et je suis content de l’avoir eu, surtout vu la manière. C’est autre chose que de faire la formation classique, car là, j’étais seul chez moi et c’est du niveau master. Ce diplôme, j’aurais dû l’avoir il y a longtemps. Mais je ne l’avais pas passé, car j’estimais que je n’en aurais pas besoin vu que je travaillais avec Rudi Garcia, qui l’avait. On a longtemps été au très haut niveau, et nous jouions tous les trois jours, donc j’étais totalement pris par mon boulot. Je ne me préoccupais pas de ce BEPF. Je pensais aller au bout avec lui...
Que s’est-il passé ? Vous avez eu envie de devenir entraîneur principal ?
Ce n’était pas une envie de devenir numéro un. C’est qu’à partir du moment où nous nous sommes séparés avec Rudi, j’avais besoin de travailler, et à Guingamp, Xavier Gravelaine recherchait un adjoint confirmé pour épauler Sylvain Didot. Je pense que j’ai toujours été numéro un à l’intérieur de moi-même. Mais comme je bossais avec Rudi, j’ai toujours joué mon rôle d’adjoint, j’ai toujours été loyal. Mais quand je n’ai plus été avec lui, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? » Cela s’est bien passé à l’EAG, pourquoi pas à Nîmes ?
En mai 2021, vous disiez à la presse que vous vous sentiez numéro un, mais que vous pourriez redevenir adjoint seulement pour Rudi Garcia. Vous a-t-il proposé de le suivre à Al-Nassr ? Seriez-vous toujours prêt à redevenir entraîneur adjoint ?
Oui, il m’a appelé, mais je n’y suis pas allé. Il y a des choses qui ne me convenaient pas. Ce n’est pas plus mal que je n’y sois pas allé. Aujourd’hui, je ne me vois plus être l’adjoint de personne.
En Arabie saoudite, vous auriez pu entraîner Cristiano Ronaldo. Est-ce un regret ?
C'est bien pour Rudi, mais je n'envie pas ce genre de choses. Des grands joueurs, j'en ai entraîné plein avec lui. Après, on est bien d'accord, Cristiano Ronaldo il est en fin de carrière. Ce n'est plus le Cristiano Ronaldo de Madrid ou de Manchester. Mais tant mieux pour Rudi !
Rani Assaf a présenté à la presse Frédéric Bompard le nouvel entraîneur du Nîmes Olympique. Pendant 35 minutes, l’ancien coach de Guingamp a répondu aux questions des journalistes et il s’est décrit comme « une main de fer, dans un gant de velours ». Une nouvelle page s’ouvre au pays des Crocodiles.
L’épisode Nicolas Usaï s’est définitivement terminé ce lundi matin à la Bastide. « La mayonnaise n’a pas pris et on ne peut pas jouer le maintien sur un coup de dés. C’est une décision collégiale et la bascule a été le match de Pau (défaite de Nîmes 1-0, le 22 octobre, NDLR) », a expliqué le président Rani Assaf sur son choix de se séparer de l’entraîneur qu’il avait choisi au mois de janvier dernier. Après cette introduction, le centre d’entraînement a été le cadre de la première prise de parole du Frédéric Bompard, le nouveau coach de Nîmes Olympique, dont le contrat court jusqu’en juin 2024.
« Une main de fer dans un gant de velours »
Après un Marseillais, Rani Assaf a choisi un Francilien pour maintenir le NO en Ligue 2. C’est d’abord avec Jean-Jacques Bourdin, président d’honneur de Nîmes Olympique, que la connexion s’est faite avant que Frédéric Bompard ait une longue discussion téléphonique avec le président du club. Et le courant est visiblement bien passé entre les deux hommes. « J’ai aimé ses idées et il a une expérience que peu d’entraîneurs qui sont passés par ici ont eu », souligne le président. Le technicien a lui été séduit par « le projet de reconstruction et le nouveau stade ».
Frédéric Bompard et Rani Assaf lors de la conférence de presse de ce lundi matin • Photo Norman Jardin
L’ancien gardien de but du Paris FC fait ensuite référence au passé glorieux des Crocodiles : « L’esprit nîmois, la grinta, les valeurs humaines. Quand j’étais gamin, je collectionnais les images Panini et les Landi, Kabile, Girard et Firoud ça me parle et je pense que ça me correspond bien. J’ai un esprit Sudiste. » Mais quel est le style Bompard ? « Je suis un entraîneur entraînant avec une main de fer dans un gant de velours. »
« Si tu veux partir, je te laisse sur le bord de la route, mais ne vient pas m’emmerder »
Le coach a surtout un passé d’entraîneur-adjoint aux côtés de Rudy Garcia, mais il préfère que l’on parle de binôme. « Je pense que pendant toutes ces années, au fond de moi, j’étais un numéro 1. » De 2004 à 2012, Frédéric Bompard a suivi son ami à Dijon, à Lille, à l’AS Rome et à l’Olympique de Marseille : « J’ai eu la chance d’entraîner les plus grands joueurs européens. » Mais en 2019, les chemins des deux hommes se séparent quand Rudy Garcia signe à Lyon sans Frédéric Bompard. Un épisode qui semble laisser un sentiment amer au néo-Nîmois.
Alors passons au présent et au terrain. « J’aime bien jouer en 4-3-3 avec un jeu cours, au sol et bien léché. ». Le coach qui prône l’unité avec les gens en place, a souhaité être secondé par Thibault Giresse qui arrivera la semaine prochaine en provenance de Guingamp. Bompard affirme connaître déjà son effectif. « Vous pouvez me poser n’importe quelle question sur les joueurs, je les connais tous » et il a ciblé le nom de quelques joueurs pour se renforcer. Il veut également des personnes positives : « C’est comme si je conduisais un bus et que je demande au gars s’il est prêt à partir à la guerre avec moi. Par contre, si tu veux partir, je te laisse sur le bord de la route, mais ne vient pas m’emmerder. »
« Il faudra un esprit commando »
Pour mener sa mission à bien, Frédéric Bompard va rencontrer individuellement le staff puis les joueurs, mais il rappelle que c’est très usant de jouer le maintien. « Il faudra un esprit commando », prévient l’Altoséquanais. Des propos qui rappellent ceux de Jean-Michel Cavalli comme entraîneur de Nîmes en 2009. Le nouveau coach emprunte au Corse une autre formule célèbre : « C’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens. » Pour Frédéric Bompard, le premier bal se terminera le 2 juin 2023 et saura alors si le bus nîmois qu'il va conduire est arrivé à bon port.
Norman Jardin le 21 11 2022
Ancien gardien de but a évolué notamment au Stade de Reims (1987-91) et au Paris FC (1996-99) avant de se reconvertir dans une carrière d'entraîneur. C'est surtout au poste d'adjoint que le Francilien a officié avec des passages à Dijon, Lille, l'AS Roma, l'Olympique de Marseille et Lille.
Dans l'ombre de Rudi Garcia pendant près de vingt ans (Dijon, Lille, AS Rome, Marseille), Fred Bompard va pouvoir maintenant entraîner un club professionnel au plus haut niveau. Il n'y a plus d'obstacle puisqu'il a officiellement obtenu son brevet d'entraîneur professionnel de football (BEPF) en mai dernier.