Né le 17 février 1966 à Bastia, le jeune Antoine débute le football à l'âge de 11 ans au Cercle Athlétique Bastiais le club doyen de la Ville, bien connu sous l'appellation CAB. De 11 à 16 ans il fait ses premières armes de footballeur sur le stade d'Erbajolo, sous la houlette de Jean Louis Cau son coach inoubliable et ancien joueur. Après une année peu concluante à l'INF Vichy en 1982, Antoine Di Fraya reviendra dans sa ville natale pour retrouver le maillot noir de son enfance du CA Bastia du Président Ventimila durant 2 saisons en 4ème Division. Livrant des duels épiques de 1983 à 1985 face notamment aux clubs de la Méditerranée le jeune milieu de terrain offensif Cabiste va s'aguerrir aux côtés de partenaires marquants comme Antoine Emmanuelli dirigeant emblématique du foot bastiais ou Stéphane Rossi, l'actuel entraineur de Concarneau en National. Signant 3 ans stagiaire professionnel à Toulon en 1985, grâce aussi l'appui du gardien Varois et ancien du CAB Pascal Olmeta, il commence sa carrière professionnelle sous les ordres de Christian Dalger et Paul Orsatti avec des coéquipiers prestigieux comme Bernad Boissier le nimois, Delio Onnis, Albert Emon, David Ginola ou le jeune Laurent Paganelli. Sa première apparition en D1 sera à Brest en septembre 1985, remplaçant il foulera la pelouse bretonne à 20 min de la fin, puis sera titulaire le week-end suivant contre Auxerre à Mayol malgré une défaite (0-1). Très peu utilisé en équipe fanion, Antoine Di Fraya quittera le Var pour un retour sur l'ile de Beauté au Gazélec d'Ajaccio en D2 à l'été 1987. Il portera le maillot gazier pour la première fois en championnat au stade Jean Bouin contre Nîmes Olympique, mais il n'empêchera pas le croco Eric Lada de donner la victoire aux siens en toute fin de match. Rétrogradé malgré une saison pleine, Di Fraya rebondira ensuite au Puy en D2 un an, avec comme partenaires Chaintreuil ou N'Dioro bien connu du côté de la Bastide, avant de porté durant deux saisons les couleurs dijonnaises à l'initiative du coach Yves Herbet désireux d'avoir dans son effectif des sudistes de tempérament. Hélas le projet ambitieux du Président Corron, malgré un effectif de qualité, s'achèvera par une descente des Bourguignons au printemps 1991, un échec sportif et financier qui entrainera Dijon dans les bas fonds. A la recherche d'un nouveau challenge, René Exbrayat aux manettes du Sporting de Bastia, fera d'Antoine Di Fraya sa priorité, pour un grand retour sur ses terres avec le maillot bleu et blanc. Antoine Di Fraya parlera d'une relation forte avec l'Arlésien et reste toujours reconnaissant de son entraineur de lui avoir donné le brassard de capitaine. Proche de l'ancien croco l'inoubliable Pierre Bianconi avec une équipe à l'accent Corse, il effectuera une saison en haut du championnat prenant la 4ème place de la D2, avec en apothéose une qualification en demie finale de Coupe de France contre le grand OM.
Toute la Corse attendait cet évènement du 5 mai 1992 dans le vieux stade Armand Cesari, jusqu'au drame survenu quelques minutes avant le coup d'envoi avec l'effondrement d'une tribune métallique faisant 18 morts et des milliers de blessés. Marqué à vie, affecté par la perte d'un ami dans cette catastrophe, notre capitaine Bastiais essaya d'aider les blessés et d'enlever les grillages comme il le pouvait depuis la pelouse avec de nombreux coéquipiers dont Gilles Salou notre ancien responsable des jeunes nationaux crocos. La saison suivante, le stade bastiais fermé, le Sporting du capitaine Di Fraya jouera ses rencontres "domicile" à Ajaccio puis à Aix en Provence, avant un retour dans son enceinte historique le dimanche 4 avril 1993 pour un match émouvant du deuil contre Nancy. Arborant un maillot noir, tenue du souvenir en hommage aux victimes, Antoine Di Fraya sera le second buteur de cette victoire (3-0) dédiée "à tous ceux qui souffrent". La DNCG rétrogradant Bastia en N1 à titre provisoire en juin 1993, le club doit vendre pour apporter des garanties financières, alors qu'Antoine Di Fraya était en pourparlers pour prolonger son contrat plusieurs années, Valenciennes propose une somme vitale à Bastia pour s'attacher les services de son capitaine meneur de jeu. Bruno Metsu le coach nordiste voulant recréer le tandem offensif et gagnant Mangione-Di Fraya, le Sporting n'eut pas d'autre choix que de laisser partir son duo accompagné de Soumah pour renflouer les caisses et sauver sa place en D2. Découvrant le Nord et son climat, Antoine Di Fraya vécue une année compliquée à Nungesser, subissant aussi l'image désastreuse de l'affaire VA / OM du printemps 1993. Retrouvant rapidement le sud, Di Fraya rejoindra la Drome et Valence en D2 sous les ordres de Didier Notheaux puis Léonce Lavagne et avec Gilles Leclerc comme partenaire. En fin de contrat avec Valence, attiré par le discours des dirigeants nîmois, tenté par un dernier challenge ambitieux à 30 ans et avec la Coupe d'Europe comme cerise sur le gâteau, Antoine Di Fraya laisse sa famille à Valence et s'engage au Nimes Olympique. Avec la ferveur de cette folle épopée en Coupe de France, le nouveau capitaine Nîmois découvrit "une bande de jeunes loups" comme il le dit encore, malgré la différence d'âge et l'histoire en commun du parcours inoubliable, son intégration fut immédiate retrouvant dans ce club de caractère, les valeurs et l'engouement du Sporting. Cette saison 1996 1997 ayant pour objectif prioritaire la remontée en D2, l'évènement resta le retour du Nîmes Olympique en Europe avec comme adversaire les Hongrois de Honved Budapest. Avec Karwat et Bazdarevic, ils deviennent rapidement les grands frères de l'équipe, encadrant un groupe incorrigible, prenant tous les risques et lancés à l'attaque sans calcul les crocos signent un exploit majuscule en ce jeudi 12 septembre 1996 étrillant Kispest 3 à1. Di Fraya brassard Corse au bras, est un capitaine racé capable de faire la différence à lui seul, un créateur étincelant avec un diabolique pied gauche que les Costières adoptèrent immédiatement. Lors du match retour, l'ancien du CAB montra une sureté technique exceptionnelle, sa précision et sa finesse permirent à Ecker d'ouvrir le score sur corner, en lui déposant le cuir sur la tête, puis remettant le couvert il centra idéalement pour Sabin et son but de la victoire. Di Fraya et Bazdarevic complémentaires, patrons du milieu deviennent les chefs d'orchestre de cette saison inoubliable avec au final une accession en D2. Soirée mémorable de cette victoire en Hongrie, le capitaine croco ne sera pas le dernier malgré son grand âge pour une nuit magique dans la capitale. Le tour suivant les crocos connaitront un coup d'arrêt brutal en ce jeudi ensoleillé de fin octobre face aux physiques Suédois de l'AIK Solna. Le capitaine nîmois, en présence de toute sa famille et de ses amis Corses dans les tribunes, sera effacé en 1ère période, il ne pourra pas peser sur le jeu comme d'accoutumé, l'attente était certainement trop grande face à un adversaire solide et en haut du classement dans son pays, une défaite logique lorsqu'on n'entre dans le match qu'après un quart d'heure à 2-0.
Blessé aux adducteurs au match retour en Suède, Di Fraya du voyage sera un spectateur attentif à la belle victoire de ses hommes, quittant l'Europe par la grande porte. Cette élimination fera dire au capitaine "c'était peut être un mal pour un bien...car en championnat le retard était conséquent pour la montée en D2", effectivement à mi championnat de National le Nîmes Olympique se retrouvait bien loin du leader Istres. Proche de l'accession, cette fin de saison 1996/97 sera marquée par un derby bouillant à Sète en mai, les crocos espérant un résultat positif pour officialiser la montée, vont vivre une soirée cauchemardesque au bord de l'étang de Thau, défaite (1-3) mais surtout trois joueurs expulsés. L'arbitrage de Mr Somps ce soir là fut particulièrement contestable lui échappant même et les nîmois auraient pu éviter de perdre leur maitrise nerveuse. Di Fraya, Preget puis un peu plus tard Zugna rejoignaient prématurément les vestiaires.
Le capitaine gardois suspendu et accusé d'avoir arraché l'écusson du directeur de jeu, certainement à tort, écopa de 6 mois de suspension, il ne put participer à l'officialisation de la montée contre Noisy le Sec ni au titre de champion de National contre Wasquehal.
En appel Antoine Di fraya vu sa sanction diminuée à 3 mois, l'empêchant de commencer la saison de D2 avec le groupe de Pierre Mosca. Prenant son mal en patience et gambergeant un peu de pas voir le bout du tunnel, il retrouvera les terrains le 6 septembre 1997 à Amiens, malgré une longue période d'inactivité et alors qu'il pensait jouer avec la réserve à Cugnaux il sauta sur l'occasion de retrouver son complice bosniaque Mecha pour reformer une paire redoutable. Après une période compliquée en championnat l'exemplaire Antoine Di Fraya, batailleur au possible et buteur pour une précieuse victoire à Toulon en novembre, retrouva de l'élan avec un groupe reboosté, bien aidé aussi par l'arrivée de l'excellent Dominque Aulanier à l'hiver. Exclu lors de la victoire en février chez lui à Valence, il le sera à nouveau aux Costières en fin de saison contre Toulon, manquant les deux dernières journées de championnat, cela sera sa dernière apparition avec la tunique croco. En désaccord avec Pierre Mosca à l'aube de la nouvelle saison, il ne fera pas parti du groupe nîmois partant en stage à Albertville, toujours sous contrat il continuera sa préparation physique en juillet 1998 aux Courbiers avec Gilles Morisseau avant de trouver un terrain d'entente avec le club pour rompre son contrat.
Stoppant sa carrière professionnelle dans l'été, il sera contacté par Louis Nicollin pour devenir joueur puis entraineur de son équipe Corpo plusieurs fois championne de France, le courant entre les deux hommes passant immédiatement, il relève le défi. Continuant à vivre sur Valence, le célèbre Président Loulou lui confiera la mission de gérer un partenariat entre Valence et Montpellier pendant 5 ans, d'où certains joueurs connus comme Sorlin ou Darbion en sont le résultat au bénéfice du voisin héraultais. Intégrant la cellule de recrutement de Montpellier cela fait plus de 25 ans qu'Antoine Di Fraya parcourt la France, l'Europe et le monde pour dénicher de nouveaux talents.
Antoine Di Fraya le dernier capitaine croco en Coupe d'Europe et sa bande de joyeux drilles, la fusion de la vitalité et de la jeunesse orchestrée par l'intelligence du jeu et l'expérience, une grande et belle page du Nîmes Olympique. Notre numéro 10 Nîmois au pied gauche de velours comme un certain Michel Mezy à la grande époque l'idole de Jean Bouin, sera toujours dans le cœur des supporters nîmois...le brassard à la tête de Maure flottera encore longtemps au dessus des Costières.
𝑨𝒓𝒕𝒊𝒄𝒍𝒆 𝑩𝒆𝒓𝒕𝒓𝒂𝒏𝒅 𝑩𝑰𝑨𝑵𝑪𝑰𝑶𝑻𝑻𝑶
𝘙𝘦𝘮𝘦𝘳𝘤𝘪𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘢𝘶𝘹 𝘢𝘮𝘪𝘴 𝘔𝘪𝘤𝘩𝘦𝘭 𝘐𝘮𝘣𝘦𝘳𝘵 𝘦𝘵 𝘔𝘪𝘤𝘩𝘦𝘭 𝘗𝘪𝘤