Hassan AKESBI est décédé le 9 novembre 2024 à l'âge de 89 ans.
« La Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) adresse au nom de son président M. Fouzi Lekjaa et au nom des membres de son Comité Directeur, ses sincères condoléances aux membres de la famille de l’ex-international marocain Hassan Akesbi ainsi qu’à ses proches et à toute la famille du football national suite à cette disparation. Le défunt, qui est décédé ce samedi 09 novembre 2024, avait porté le maillot de l’Equipe Nationale à plusieurs reprises en plus d’avoir évolué au sein de nombreux clubs marocains et européens »
Il deviendra le meilleur buteur de l’histoire de Nîmes Olympique (141 buts en 204 matches), puis le meilleur scoreur africain de tous les temps en Ligue 1 avec 173 réalisations après des passages au Stade de Reims et à Monaco.
En 2022, le magazine So Foot le classe dans le top 1000 des meilleurs joueurs du championnat de France, à la 58e place. Il a connu la période la plus glorieuse du Nîmes Olympique et terminé trois fois de suite vice-champion, fidèle compère de Bernard Rahis et Henri Skiba chez les Crocos.
Condoléances à sa famille et ses proches.
Le meilleur buteur de l’histoire de Nîmes Olympique est décédé samedi 9 novembre des suites d’une longue maladie. Il avait 89 ans et était Marocain. Deux glorieux anciens, Alain Garnier et Michel Mézy, se souviennent d’Hassan Akesbi, joueur majeur des Crocodiles dans les années 1950. L’âge d’or du club.
"Dans cette équipe, j’étais le plus jeune, et maintenant, je suis le plus vieux… Plus ça va, plus mes anciens coéquipiers disparaissent…" L’octogénaire Alain Garnier a appris avec tristesse la mort d’Hassan Akesbi, décédé samedi 9 novembre des suites d’une longue maladie à l’âge de 89 ans. Une information rendue publique par la Fondation Mohammed VI des champions sportifs.
149 buts en 250 matches avec NO, un record qui "ne sera peut-être jamais battu" selon Michel Mézy
L’attaquant était une légende du football marocain. Il est aussi, et il le restera longtemps, le meilleur buteur de l’histoire de Nîmes Olympique (devant Rahis, Vergnes et Cubaynes, NDLR). "Il ne sera peut-être jamais battu", prédit Michel Mézy, autre grand nom gardois joint ce dimanche.
Combien Akesbi a-t-il donc marqué de buts durant ses six saisons avec NO, de 1955 à 1961 ? Les chiffres diffèrent… Jean-Charles Roux, auteur de l’ouvrage "Le stade Jean-Bouin : l’âge d’or du Nîmes Olympique" (Éditions Atelier Baie, 2021), a fait les comptes : 119 buts en 204 matches de championnat, et 149 en 250 rencontres toutes compétitions confondues (Coupes de France, Drago, etc).
"Cette équipe" qu’évoque Alain Garnier, c’est celle de l’âge d’or du club croco. La plus belle période de son Histoire, la plus régulière, la plus performante, avec trois places de vice-champion de France de Ligue 1 (1958, 1959, 1960) et deux finales de Coupe de France perdues (1958, 1961).
Quand le Renaud Ripart de l’époque, trimballé à tous les postes, a intégré l’équipe première à la fin des années 1950, "Hassan Akesbi était déjà là. Il n’avait pas de surnom, on l’appelait Hassan. C’était quelqu’un de très gentil, de très distingué dans son parler. Il avait tout d’un prince arabe ! Je l’ai vu pour la dernière fois lors de l’inauguration du stade des Costières, en 1989. On avait fait un repas ensemble, entre anciens. Il m’avait invité ensuite au Maroc où il s’était retiré, mais j’étais assez fatigué et je n’avais pas pu y aller. Il était dans la vie comme sur le terrain (Kader Firoud le qualifiera de "seigneur" sur et en dehors du rectangle vert, NDLR). C’était un filou des 16 mètres, il était toujours à l’affût, il enfermait les petits buts. Dans la surface, c’était tac, tac, but. Il n’avait pas une frappe puissante, mais il avait un coup de patte majestueux."
"Skibakesbi" passe à la postérité
Au sein de l’attaque la plus prolifique de NO, son entente avec le Franco-Allemand Henri Skiba fit merveille. Le journaliste de France Football Roger Chabaud avait inventé le terme "Skibakesbi" pour la qualifier. "Je m’en souviens, raconte Michel Mézy. J’avais 10 ans et j’allais les voir jouer. Et à l’époque, les joueurs se retrouvaient parfois au café de mes parents au Grau-du-Roi : Akesbi, Skiba, Charles-Alfred, Bettache… j’avais les yeux de Chimène pour eux. C’était mes idoles à moi. Ils font partie de ceux qui m’ont imprégné de l’amour de ce club. Akesbi, c’était un véritable buteur, assez atypique, insaisissable. Dans la surface, il était souvent là où on ne l’attendait pas. Avec une élégance… C’était un échassier, un danseur, un artiste, gringalet mais aérien. À Nîmes, ce fut une réussite totale."
Kader Firoud le fait signer
Lors de ses six saisons à Nîmes, il termina… six fois meilleur réalisateur du club, inscrivant entre 15 et 24 buts par exercice et les célébrant comme peu de joueurs auparavant. C’est Kader Firoud, devenu entraîneur des Crocodiles en 1955, qui le fit signer, en provenance du FUS Rabat. "J’avais à peine 19 ans quand j’ai commencé à recevoir des propositions des clubs espagnols et français, mais j’ai fini par choisir Nîmes Olympique. Je n’oublierai jamais mon club des Fussistes qui m’a laissé partir sans la moindre indemnité de transfert, ni aucune contrepartie financière. J’ai signé à Nîmes pour un salaire de 6500 Francs français (environ 1000 €, NDLR), assorti d’une prime à la signature de 5000 Francs", raconta alors le natif de Tanger (en 1935) à Midi Libre.
Hassan Akesbi logeait chez M. Réquier, un ancien joueur de NO, route de Beaucaire. Il aimait passer ses vacances au Grau-du-Roi avec femme et enfants. La légende dit que c’est là-bas qu’il apprit que Nîmes s’était mis d’accord avec Reims pour son transfert dans le plus grand club français, en 1961. "Le transfert dont on a le plus parlé est enfin réalisé", titre le quotidien sportif L’Équipe. Montant, record pour l’époque : 55 millions d’anciens francs (1 M€ aujourd’hui en tenant compte de l’inflation), dont 10 pour l’international marocain.
Un transfert à Reims qui fit du bruit
L’ancien inter droit successeur de Just Fontaine en Champagne (où il sera sacré champion de France en 1962) déclare, encore dans Midi Libre : "Je quitte Nîmes parce que ma carrière de joueur m’y oblige : elle est très courte, et à 26 ans il est normal de faire d’autres choix. Il y a six ans que je suis ici. Il y a dans le club et dans l’équipe une ambiance, une camaraderie que je ne retrouverai certainement pas ailleurs. Je laisse beaucoup d’amis…" Et de grands souvenirs pour les anciens de Jean-Bouin.
À la famille et aux proches d’Hassan Akesbi, Midi Libre adresse ses sincères condoléances. Merci à Jean-Charles Roux, Patrick Champ, Bertrand Bianciotto et Eric Doladille pour leur contribution à cet article.
En juillet 1961, Hassan Akesbi, le meilleur buteur nîmois de tous les temps, quittait le Nîmes Olympique pour le Stade de Reims. Le NO faisait, à cette occasion, une belle affaire financière. Mais dix mois plus tard, il ne lui manquera qu’une victoire pour être champion de France, au dépens des Champenois.
« D’un jour à l’autre, le Marocain de Nîmes va crever le plafond des transferts 1961 ! », peut-on lire en Une de l’hebdomadaire France Football du 11 juillet 1961. Cela fait effectivement six saisons que l’attaquant brille avec les Crocodiles et le grand Stade de Reims s’apprête à s’offrir ses services. Il n’y a pas de suspense, ni de rebondissement de dernière minute et le 31 juillet, Miroir Sprint peut titrer : « Un évènement, Akesbi à Reims ». C’est le transfert de la saison en France dans un marché hexagonal peu animé jusque-là.
« Nîmes a remporté une victoire morale ! »
Le Nîmois a-t-il crevé le fameux plafond des transferts ? Les observateurs ont de sérieuses raisons de le croire d’autant que les deux parties ont gardé le secret sur le montant final. Akesbi venant s’insérer dans une attaque déjà constituée de Kopa et Piantoni, Nîmes s’enrichit, certes, mais il permet aussi à un de ses concurrents de s’armer davantage. Du côté des supporters champenois, cette politique de recrutement de vedettes n’est pas du goût de tout le monde : « Reims va maintenant recruter au sein de l’équipe qui a été sa principale rivale au cours des derniers championnats. Dans le fond, Nîmes a remporté une victoire morale ! », estime un fan champenois.
Le départ d’Akesbi en Champagne, c’est surtout la victoire du riche contre le pauvre. L’opposition Nîmes – Reims c’est en quelque sorte la lutte des classes. D’un côté le NO, un club au petit budget qui fait des miracles avec ses jeunes et le recrutement de joueurs revanchards ou carrément méconnus. Nîmes, c’est aussi le mélange des cultures : du Gard (Barlaguet, Garnier), d’Afrique du Nord (Bettache, Djebaïli, Rahis et Akesbi), d’Espagne (Salaber), d’Italie (Venturi), de Pologne (Roszak) et du Brésil (Constantino). Ainsi que de quelques joueurs venus tenter l’aventure (Oliver, Bourdoncle, Cassar) et ceux qui s’intègrent à merveille (Chillan, Noël, Bandera et Charles-Alfred).
45 millions d’anciens francs, soit 735 000 euros
Le tout mis en musique par le sorcier, Kader Firoud. L’histoire est belle, mais elle a ses limites car en face le Stade de Reims a les moyens de ses ambitions avec une flopée d’internationaux français (Kopa, Fontaine, Piantoni…) et un entraîneur (Albert Batteux) qui est accessoirement aussi celui de l’équipe de France. Drôle d’époque. Alors quand les Rémois mettent 45 millions d’anciens francs (735 000 euros, NDLR) sur la table nîmoise, il est impossible de refuser. Toulouse et le Racing Club de Paris, qui étaient aussi intéressés, peuvent aller se rhabiller. Nîmes Olympique a mis du beurre dans ses épinards, mais à quel prix ? Dix mois plus tard, l’histoire se charge de rappeler aux Gardois que l’argent ne fait pas toujours le bonheur.
En mai 1962, les Crocodiles ratent le titre de champion de France lors de la dernière journée en s’inclinant au Stade Français 1-0. Ce jour-là, c’est Henri Skiba, un ancien nîmois qui crucifie les Crocodiles. C’est finalement le Stade de Reims qui est titré en s’imposant 5-1 contre Strasbourg avec un doublé… d’Akesbi. Nîmes ne retrouvera plus jamais une si belle occasion et Akesbi part à Monaco en 1964, puis revient à Reims en 1964, avant de terminer sa carrière à Rabat en 1970. À 87 ans, l’ancien nîmois est aujourd’hui retraité au Maroc où il est considéré comme une légende. À Nîmes, il reste ses 119 buts marqués en six saisons qui en font le meilleur. Personne n’a fait mieux depuis.
Norman Jardin
HASSAN AKESBI, L’HISTORIQUE BUTEUR
Le 26 juillet 1955 le Midi Libre dévoile la photo de cinq joueurs nord-africains qui rejoignent le Nîmes Olympique pour être mis à l’essai. Il y a là Moreno de Blida, Hamou du Marsa d’Oran, Dejelloul du S.U.S de Rabat et Ben Aïssa de Stade Marocain. Ils sont tous attaquants. Le cinquième est un jeune de 20 ans né à Tanger qui arrive en provenance de FUS Rabat et qui joue au poste d’inter (milieu offensif) : Hassan Akesbi.
Il n’est pas inconnu des fidèles de Jean Bouin, puisque le 26 mai Pibarot, qui sera nommé entraineur de l’équipe de France la semaine suivante, le convoque sur les conseils de Firoud pour un essai face au grand Austria de Vienne avec sa cohorte d’internationaux : Ocwirk, Stota, Schleger, Huber, Schweda. Les Nîmois et Viennois se quittent sur le score de parité 2-2.
La rentrée d’Akesbi est commentée par Henri Vandeur dans le Midi Libre comme suit : « l’un des attraits du match résidait dans la production de l’éventuelle recrue nîmoise essayée à cet effet. Akesbi, c’est son nom, qui vient de Rabat, a fait une partie d’autant plus méritoire qu’il débutait dans un niveau relevé. Footballeur subtil et très actif à la fois, il s’illustra par sa finesse de touche et ses déviations, tout en parvenant à s’incorporer parfaitement dans les relais offensifs effectués par ses partenaires. Malgré une baisse de régime en fin de partie, il est un joueur à retenir ».
Nîmes, orpheline déjà de Rouvière, Firoud, Ujlaki, Timmermans et bientôt de Constantino (en partance pour Marseille), termine une saison 1954 poussive. Malgré les 17 buts inscrits par Ginés Liron et les bonnes performances de Rahis, il manque un joueur qui fasse la différence devant.
Le 1er août, pour le compte de la coupe du souvenir, les Nimois affrontent l’AS Biterroise (7-1), parmi eux se trouvent les cinq nord Africains mis à l’essai. Midi Libre dans son compte rendu relate : « dans ce festival offensif et malgré une entrée en cours de jeu (à la place de Schwager), cet Akesbi possède d’énormes qualités qui peuvent faire de lui un titulaire possible ». Le 5 août, Nimes rencontre l’OM au Vélodrome. C’est l’occasion pour Firoud de faire ses choix. Ben Haïssa, Djelloul, Hamou et Moreno ne sont pas conservés et seul Akesbi confirme. « L’ex inter de Rabat réalisa de très bonnes choses et se confirma comme très bon technicien. Aussi bien par son style, sa manière de jouer et son intelligence de jeu, il rappelle Constantino, une classe en moins bien sur. Mais il est très combattif et ne devrait pas tarder à s’imposer », relate le Midi Libre.
Firoud, nommé officiellement entraineur le 17 juin, le fait signer.
« J’avais à peine 19 ans quand j’ai commencé à recevoir des propositions des clubs espagnols et français, mais j’ai fini par choisir le Nimes Olympique. Je n’oublierai jamais mon club des Fussistes qui m’a laissé partir sans la moindre indemnité de transfert, ni aucune contrepartie financière. J’ai signé à Nimes pour un salaire de 6500 FF assorti d’une prime à la signature de 5000 FF » raconte le joueur.
Le 18 septembre Nimes se déplace à Nancy pour le compte de la cinquième journée du championnat. Akesbi est appelé pour la première fois à disputer une partie du championnat. Profitant des forfaits de Liron, Schwager et l’incertitude de Kominek malade, Akesbi se démène comme un beau diable dans une attaque qui manque de liant (défaite 3-1). Le 3 octobre les nimois rencontrent leurs homologues niçois qui comptent dans leur rang un certain Joseph Uljaki. Les nimois nullement impressionnés par le leader du championnat font jeu égal avec les azuréens sur le score de 1 à 1. A la quarantième minute, sur un corner, Akesbi saute plus haut que la défense niçoise et trompe Colonna. C’est le premier but du marocain, qui en inscrira 118 de plus tout au long de ses six années passées à Nimes (204 matchs). Le journaliste de Midi Libre est enthousiaste : « Cet Akesbi se démarque, feinte, dribble, shoote, a le sens du jeu et marque. On tient là un très bon joueur ! »
Ce « très bon joueur » va faire les belles heures du Nimes Olympique. Son entente avec Rahis et surtout Skiba puis Constantino reste encore dans les mémoires des Nimois et il n’est pas étranger aux bonnes prestations de l’équipe. Double finaliste de la coupe de France (1958, 1961), 3 fois vice champion de France, vainqueur de la coupe Drago, étoile d’argent en 1959, classé dans les meilleurs buteurs du championnat en 1955, 1960, 1961. Il devient une vedette du championnat, en conservant une simplicité et une gentillesse reconnus par tous.
Alain Garnier, qui a joué avec lui, raconte : « Hassan était un homme simple, un homme qui participait gaiement à la bonne entente du groupe. Il n’avait qu’un défaut : il ne jouait pas aux cartes. Avec le ballon il était d’une vivacité redoutable doublée d’une finesse éclatante. Son entente avec Skiba était redoutable. On loue souvent Rahis, mais il fallait que Bernard soit dans un bon jour pour mettre de bon ballon. Hassan, lui, était un avant centre de recul et un excellent finisseur. Avant son transfert, il était devenu une vedette et les médias se l’arrachaient, son statut a véritablement changé à ce moment peut-être… »
Raymond Legrand, grand témoin du sport nimois, se souvient : « cet Akesbi était un homme d’une gentillesse sans faille. Le joueur était rusé avec un sens du but indéniable. Il ne fallait pas attendre de lui un but au delà des 18 mètres car il avait une frappe peu puissante. Par contre dans la surface, il ne fallait rien laisser trainer. Le journaliste Roger Chabaud de France Football avait trouvé la formule du « Skibakesbi » pour qualifier l’entente parfaite des deux joueurs. Ils se trouvaient les yeux fermés et leur « une-deux » étaient redoutables. Un jour de retour d’un match, Akesbi, qui ne disait jamais rien, a fait un reproche à Skiba car il avait manqué un but. Les deux hommes en vinrent presque aux mains, ils se fâchèrent et leurs performances s’en ressentirent sur le terrain. Ce fut le début de la fin ».
Après six saisons passées au Nimes Olympique et méritant mieux que ce qui lui était offert par le club, Hassan Akesbi s’était apprêté à partir. Le 18 juin 1961, Midi Libre confirme le départ du prodige marocain. Plusieurs pistes sont possibles. Le Racing tient longtemps la corde et invite Akesbi à participer à deux matchs amicaux (dont un contre le Santos de Pelé au Vélodrome de Marseille). Les négociations échouent. Toulouse se met sur les rangs mais là aussi rien n’aboutit. Entre temps et après avoir marqué son 119ème but en championnat contre Nancy le 1er juin, Akesbi fait ses adieux à Jean Bouin pour partir vers le grand Milan AC des Maldini, Trapatoni, Altafini, Liedolhm (Victoire nimoise 2-0).
Le 27 juillet, alors qu’Hassan Akesbi est en vacances au Grau du Roi, le Nimes Olympique boucle son transfert avec Reims pour une somme record à l’époque de 55 millions d’anciens francs (45 pour Nimes et 10 pour le joueur) et un salaire de 350.000 FF plus primes.
Akesbi déclare dans Midi Libre : «je suis heureux de partir pour un club prestigieux comme celui de Reims. Je quitte Nimes parce que ma carrière de joueur m’y oblige : une carrière de joueur est très courte, et à 26 ans il est normal de faire d’autres choix. Il y a six ans que je suis ici. Il y a dans le club et dans l’équipe une ambiance, une camaraderie que je ne retrouverai certainement pas ailleurs. Je laisse beaucoup d’amis ici… ».
Une page se tourne au Nimes Olympique, Akesbi sera sacré champion. Pour l’anecdote, Raymond Kopa dans l’histoire du football de Dietschy raconte : « à
l’époque nous ne célébrions pas nos buts comme ça se fait maintenant. Une tape amicale suffisait. Le premier qui en « rajouta » fut Hassan Akesbi, je pense qu’il fut pionnier en la matière
». RUE JEAN BOUIN - JEAN-CHARLES ROUX
Né en 1935 à Tanger, Hassan Akesbi est l’enfant prodigue du quartier Sania de Dar Baroud.
Formé à la fameuse école de la plage sur le sable, repère des talents pour les recruteurs, il pratiqua le football son sport favori à l’insu de ses parents en particulier son père qui tenait beaucoup à le voir terminer ses études. A l’heure où la ville du détroit connaissait le statut politique international, il y avait plusieurs équipes qui jouaient le championnat espagnol. La UD España et le Moghreb Aksa attiraient l’attention par la qualité de leur effectif joueurs .Au second plan, Alcazaba,Tangerina,Sevillana rivalisaient pour engager les meilleurs footballeurs. A quatorze ans, Hassan Akesbi signait sa première licence au Sevillana de Tanger. Les dirigeants de l’époque devaient falsifier sa date de naissance pour le faire jouer avec la formation titulaire. Ocaña, célèbre homme d’affaires ,avait un restaurant sur la corniche. Il invitait tous les jours Hassan pour un régime spécial : « Il avait un grand problème du physique. Il était trop maigre et il avait besoin de deux bons steacks au déjeuner et au diner » disait-il à l’entraineur. Deux ans plus tard en 1951, il était engagé par le club fanion du prince Moulay Abdellah le FUS de Rabat où il restera quatre ans.
En 1955, c’est le grand départ pour la France où l’attendait l’entraineur algérien Kader Firoud pour jouer au Nimes Olympique avec pour premier bulletin de paie 1000 euros et prime de signature 800 euros. De 1955 à 1962,il inscrivait 119 buts en 204 matches. E n 1962,transfert historique d’un marocain au club mythique du Stade de Reims où il avait la délicate mission de remplacer le premier buteur de toutes les coupes du monde Just Fontaine parti en retraite pour blessure. Il s’entendait à merveille avec Raymond Kopa et ses 173 buts en 293 rencontres devaient susciter l’intérêt des dirigeants du Real Madrid et du FC Barcelone pour un éventuel engagement. Pour rejoindre l’un de ces grands clubs, il devait opter pour un changement de nationalité, condition qu’il avait rejetée pour rester fidèle à son pays.
A la fin de sa carrière, après une saison à Monaco, il retourna au Maroc pour rejouer au FUS. Sa carrière d’entraineur ne fut pas aussi fructueuse avec les équipes US de Tanger, FUS, HUSA, IZK, MAT. Bien qu’il fasse partie de l’association des anciens footballeurs du FUS, Hassan Akesbi continue à être un fervent supporter de l’IRT et suit avec passion toutes ses rencontres.
Dernièrement, il était au stade Saniat Rmel pour assister au jubilé de l’ex ailier gauche Mustafa de Rincon. Parmi ses meilleurs souvenirs figurent le merveilleux match de la sélection marocaine contre l’Espagne aux éliminatoires de la coupe du monde 62 et la coupe Mohamed V remportée à Casablanca avec le Stade de Reims. Avec la perle noire Larbi Ben Barek, le feu follet Lahcen Chicha, il est considéré comme le meilleur joueur marocain. Cette saison, il est classé onzième buteur de tous les championnats français.