Malgré des blessures, tu signes pro en 2014. Et après une première saison d’adaptation, tu pars en prêt à Nîmes. C’était une volonté de ta part ?
Le coach, Rolland Courbis, m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi pour faire des entrées. Contre Rennes, j'entre cinq minutes. Contre Angers, j'entre cinq minutes. Contre le PSG, je me retrouve en tribune... Et à deux jours de la fin du mercato, Rolland Courbis m’appelle et me dit qu’il a recruté Mustapha Yatabaré et que ça serait mieux pour moi de partir pour avoir du temps de jeu. Il m’a proposé un prêt à l’AC Ajaccio.
Tu as réagi comment ?
Ça m’a fait mal. Je l’ai pris comme un échec. J’avais fait une bonne prépa, je m’étais dit : « Cette année, c’est bon, tu vas jouer », et puis à deux jours de la fin du mercato, on te dit : « Faut te barrer. » Ce n'est pas facile de trouver un club quand tu n’as pas beaucoup joué en Ligue 1. Mon agent a trouvé cette option de Nîmes, comme ça, si les dirigeants de Montpellier souhaitaient venir me voir jouer, je n’étais qu’à trente minutes.
À Nîmes, tu as marqué onze buts en trente-deux matchs et le club s'est maintenu tranquillement (14e). Pourtant, au départ, le club partait avec une pénalité de huit points. Ça ne t’a pas freiné dans ton choix ?
Je l’ai plus pris comme un challenge que comme un fardeau. À Nîmes, je me sentais plus important. Que ce soit José Pasqualetti, ou plus tard Bernard Blaquart, le coach avait une vraie relation avec moi. On discutait. Ça donne de la confiance. J’ai pris le rythme des matchs professionnels.
Ce qu’on a réalisé, c’était aussi énorme. J’ai vraiment passé une saison exceptionnelle à Nîmes, que ce soit sur le plan personnel ou collectif. J’en garderai un très bon souvenir. Je me suis beaucoup aguerri sur le plan physique et mental. Étant de Montpellier, en arrivant à Nîmes, je me suis fait un peu insulter par les supporters. Ce sont des trucs qui te forgent mentalement.
Comment as-tu encaissé ces insultes ?
C’était pendant les matchs : « Rentre chez toi à Montpellier ! », avec des insultes qui suivaient, depuis le virage des Gladiators. Après, ils ont vu que je me battais pour le club et que je les aidais à se maintenir. Moi, les insultes, ça m’énervait. Je pensais me donner à 100% sur le terrain. Ça me faisait chier d’avoir ces retours. Vu qu’il y avait des défaites, il fallait bien taper sur quelqu’un. C’est plus facile de taper sur le Montpelliérain. En fin de compte, ils m’ont apprécié. Je me suis senti à la maison, à Nîmes, à partir du mois de janvier, quand on a commencé à avoir de bons résultats. Je faisais partie de la famille.
Depuis que tu es revenu au MHSC, Frédéric Hantz te fait confiance. Tu l'as senti tout de suite ?
Le coach m’a appelé à la fin du championnat pour me dire qu’il me comptait dans son effectif. Mais après, je n’étais pas l’attaquant numéro un en arrivant. J’étais plutôt l’attaquant numéro quatre, même si mon prêt à Nîmes m’avait boosté. C’est pendant la prépa que j’ai dû faire mes preuves. Et la confiance qu’il m’a donnée, je lui rends en ce moment en marquant des buts.
Steve Mounié : « Ma référence, c’est
Drogba »
Formé et prêté par Montpellier cette saison au Nîmes Olympique, l’attaquant Steve Mounié (21 ans) a pris ses repères chez les Crocos au point de devenir titulaire. Déterminé, il compte bien relever le challenge du maintien avec le NO, sanctionné de huit points de pénalité avant le début de la saison. Interview sans détour.
MaLigue2 : La dernière défaite concédée à Bourg (2-4) a dû être très frustrante vu le scénario ?
Steve Mounié : C’est sûr, on était partis là-bas pour faire un résultat. Avec ce carton rouge pris assez tôt (40e minute), ça n’a pas été évident. C’est une déception car on était pas dedans. Les deux fois où on s’est mis au niveau de la Ligue 2 et qu’on a accéléré, on a marqué deux buts. Mais voilà on donne 4 cadeaux à l’adversaire, ce sont des erreurs de notre part. On n’a pas été au top.
Ce sont ces erreurs qui coûtent les points à Nîmes depuis le début de saison ? On sent pourtant que le contenu est plutôt intéressant mais que ça ne bascule pas pour le moment…
Vu notre situation dans ce championnat, avec 0 point, je suis d’avis de dire qu’il faut jouer direct vers l’avant. C’est bien beau de dire que le contenu est intéressant, qu’on joue bien au foot, mais pour le moment on est encore à 0. Dans le football, c’est important de mettre un but de plus que l’autre, donc il faut tenter, oser, aller marquer, jouer de l’avant. De toute façon, si on bétonne avec des matchs nuls 0-0, on avancera pas beaucoup plus au classement. D’ailleurs, si on avait gagné deux matchs de plus au lieu de partager les points, on aurait déjà surmonté notre handicap plus rapidement.
C’est une tactique que vous allez mettre en place contre le leader dijonnais vendredi, aller les chercher haut, jouer vite de l’avant ? D’autant qu’ils viennent de concéder 2 défaites d’affilées et que c’est peut-être le bon moment pour leur laisser la tête sous l’eau ?
Il n’y a pas de bons ou de mauvais moments pour jouer les équipes. Il faut qu’on gagne et c’est tout. On va évidemment chercher la victoire, peu importe la situation de l’équipe adverse. Bonne période, pas bonne période…pour nous c’est la même chose : on doit gagner !
Vous êtes formé et prêté par Montpellier, vous avez même effectué deux entrée en Ligue 1 en tout début de saison. Comment se déroule votre apprentissage de la Ligue 2 à Nîmes ?
Je prends beaucoup de plaisir ici. De toute façon tant qu’on joue on prend du plaisir. Je n’ai pas trop eu ma chance à Montpellier, donc je préfère accumuler du temps de jeu en L2 et je reviendrai au MHSC la saison prochaine avec plus d’expérience et de confiance, ce sera bénéfique pour le club. Le staff comptait sur moi là-bas en début de saison, mais avec l’arrivée de Mustapha Yatabaré en fin de mercato, je n’ai pas hésité. On m’a dit que mon temps de jeu allait diminuer et puis on a un peu le même profil lui et moi. J’avais des contacts avec Nîmes et Ajaccio pour un prêt, mais c’était plus simple pour moi de rester dans la région comme ça s’est déroulé en dernière minute.
Le fait que Nîmes débute la saison avec -8 points ne vous a pas fait peur ?
Non au contraire, c’est vraiment un très beau challenge à relever. C’est motivant même. Je suis un compétiteur et j’ai envie de relever ce défi avec toute l’équipe. Après la victoire à Metz (2-1), je me suis dit que si on arrivait à se maintenir, ça serait vraiment magnifique, qu’on fêterait ça comme une montée en fin de saison. Si on le fait, tout le monde en sortira grandi.
Vous aviez pu discuter de ce qu’attendait José Pasqualetti de vous avant votre arrivée ?
Rien n’était prédéfini. Je suis arrivé au même titre que n’importe quel attaquant de Nîmes, je n’avais pas un statut particulier parce que j’étais prêté par un club de Ligue 1. J’ai montré à travers les séances d’entraînement et mes entrées en jeu que je pouvais devenir titulaire. Je dois m’appliquer à peser sur les défenses, garder le ballon devant dos au but, faire jouer mon jeu de tête dans les déviations ou pour marquer, comme face au Red Star (1-1).
Vous vous inspirez aussi d’autres attaquants pour faire évoluer votre jeu ?
Ma référence, c’est Didier Drogba, le grand Didier ! Il est encore présent à Montréal à 38 ans, c’est un exemple. Sinon, j’écoute beaucoup les conseils des anciens aussi. A Montpellier, mon mentor c’est Souleymane Camara. Ici à Nîmes, j’observe beaucoup Toifilou Maoulida par exemple. Il réalise toujours des appels de balles très très intelligents, et c’est à moi de m’en inspirer pour le reproduire le week-end. C’est l’une de mes qualités d’être à l’écoute et d’observer cela.
Que pensez-vous de votre début de saison avec ces deux buts inscrits en 6 matchs (4 titularisations) ?
En arrivant, je ne me suis pas dit que je jouerais tout de suite. Je m’étais fixé le mois d’octobre pour être à 100% en forme. Malgré mes deux buts, je ne suis pas complètement satisfait. Mon bilan comptable devrait être plus élevé car j’ai eu des occasions. Je veux aider encore plus l’équipe. Il nous reste beaucoup de matchs, et je sais que ça va venir, je ne me fais pas de soucis. J’ai confiance, je sais que j’ai le niveau Ligue 2.
Malgré la situation délicate en début de saison avec ces -8 points, on ne sent pas de panique à Nîmes, c’est ce que vous vivez au quotidien ?
Oui, il n’y a aucune panique. Quand on joue contre les autres équipes, on ne se dit pas qu’elles sont supérieures à nous. Pour l’instant, j’ai trouvé Metz un peu au-dessus. Mais sinon, je ne vois vraiment pas pourquoi on n’arriverait pas à s’en sortir, on vaut aussi bien que tous les autres. Alors c’est vrai que pour le moment, on n’a pas eu les résultats espérés, mais on est confiants. On fera une autre interview quand on sera maintenus en fin de saison, vous verrez (rires) !
Propos recueillis par Dorian Waymel