Vous étiez entré au club en 2006 en tant que commercial avant d’en devenir le directeur
sportif en 2015. Comment avez-vous vécu ce limogeage en décembre dernier ? Vous avez eu des explications de la part du président Rani Assaf ?
Le président m’a dit qu’il n’avait rien à me reprocher, qu’il voulait passer à autre chose. Il voulait changer le système, et je ne suis qu’un employé. J’ai beaucoup d’amitié et de respect pour
lui, c’est quelqu’un qui m’a fait travailler, qui m’a fait manger. Je lui ai très bien rendu, je pense. C’est son choix, et je souhaite le meilleur au Nîmes Olympique et à ses
supporters.
Vous aviez néanmoins démissionné une première fois, au cœur de l’été 2019.
« J’en avais marre, je voulais rester avec les miens, tranquille. À ce moment-là, le président a tout fait pour que je revienne et je suis revenu. Certainement que l’erreur était là, aussi. »
Au mois de mars, j’avais déjà prévenu que j’avais envie de m’arrêter. C’est dur quand tu bosses tout seul. Au
Nîmes Olympique, il n’y avait pas de cellule de recrutement. J’ai travaillé tout seul pendant cinq ans à ce poste-là. À un moment donné, tu es usé, fatigué. J’en avais marre, je voulais rester
avec les miens, tranquille. À ce moment-là, le président a tout fait pour que je revienne et je suis revenu. Certainement que l’erreur était là, aussi.
Le timing est surprenant, quand même. Partir en fin de saison, pourquoi pas, mais démissionner au cœur du mois de juillet et du mercato...
Quand tu donnes ta vie depuis 14 ans au club, donc cinq ans à ce poste-là, tu penses tout le temps aux autres. Tellement qu’à un moment donné, tu te dis : « J’en ai plein mes couilles (sic), je
vais penser à moi. » À moi, mais surtout, à ma famille. Tu donnes beaucoup, mais tu reçois peu quand tu fais ce métier. J’avais assez donné, et amassé assez de crédit pour prendre une décision
pour moi.
Comme vous l'avez confié lors de votre engagement officiel au sein de la liste « Choisissons Nîmes » en vue des élections municipales 2020, ça ne marchait plus, même si vous ne l’avez pas
nommé directement, entre le coach Bernard Blaquart et vous. C’était pourtant votre choix de le faire venir au club, fin 2015. Qu’est-ce qui s’est passé pour que votre relation s’effrite
?
Dans la vie, je marche à l’amitié et à la confiance. À partir du moment où je perds ça, c’est fini pour moi. C’est ce qu’il s’est passé entre nous. J’ai dit ce que j’avais à dire, je ne veux plus m’exprimer là-dessus. La seule chose que j’ai dite, c’est que je souhaitais le meilleur au club, au président, à ses supporters, mais je ne veux plus parler de lui car c’est quelqu’un pour qui je n’ai plus d’amitié ou quoi que ce soit d’autre. Ça s’arrête là.
Alors,
comment faut-il vous appeler ? M. le directeur sportif, le coordinateur sportif, l’homme à tout faire, le vacancier ?
(Sourire) Directeur sportif… ça n’a pas changé.
Rien n’a
changé, en fait. Vous n’étiez plus là, mais vous étiez là, à agir dans l’ombre pour boucler le mercato…
J’ai posé ma démission en juillet. Elle a été acceptée, puis refusée par Rani Assaf. J’avais beaucoup de vacances à prendre, je n’en avais quasiment jamais pris. Le président m’a dit de partir en
congés, et de bien réfléchir à la suite. Mais quand Rani m’appelait pour me demander conseil, je répondais. Je ne voulais pas mettre le club dans l’embarras. Et les dossiers que j’ai laissés
étaient bien avancés.
Dites-nous clairement :
qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir démissionner ?
Beaucoup de personnes cherchent des explications, mais j’avais déjà exprimé mon mal-être au printemps. J’ai été surpris que les gens soient surpris. J’en avais marre, j’étais fatigué. Ma
décision, elle n’est pas arrivée comme ça, du jour au lendemain. Je n’ai pas à m’en cacher, c’était une décision hyper égoïste, la première que je prenais pour moi depuis que je suis au club, un
club pour lequel je me dévoue corps et âme depuis cinq ans, et même depuis 2006.
La
goutte d’eau qui a fait déborder la vase, ce serait l’intervention présidentielle sur un transfert. N’est-ce pas compliqué de travailler avec Rani Assaf ? Entre vous et lui, c’est un peu “je
t’aime moi non plus”, non ?
(Il sourit). Oui, c’est un peu ça. On se chamaille pour le bien du club. C’est mon patron, mais je peux vous dire que c’est mon ami. Et avec un ami, on n’est pas toujours d’accord, sinon
ce ne serait pas un ami. Notre relation est parfois conflictuelle, il y a des moments où j’en ai plein le cul de lui, des moments où il en a plein le cul de moi. Mais je lui dois beaucoup, et
Nîmes Olympique aussi. Et si je suis revenu, c’est qu’il n’a pas lâché l’affaire !
Justement, pourquoi
n’êtes-vous pas parti, comme vous l’aviez d’abord décidé ?
Dans ma tête, j’avais décidé d’arrêter, même si c’était la décision la plus dure de ma vie, et qu’elle allait à l’encontre de mes envies. Mais il le fallait : quand tu bosses seul à ce poste-là,
c’est beaucoup de responsabilités, de stress, et je sentais que je ne serais plus à la hauteur de ma tâche. Mais Rani a continué de prendre de mes nouvelles, à me faire confiance. Et quand tu te
sens aimé et désiré par la personne la plus importante du club… J’ai aussi décidé de continuer parce que ma famille m’a soutenu et poussé. Quand votre fils de 6 ans vous dit : "Papa, si tu ne
travailles plus ici, on n’aura plus le droit de revenir au stade ?", ça fait réfléchir. Puis j’aime tellement ce club et cette ville. Ce n’est pas le football que j’aime. C’est Nîmes. Et Nîmes
Olympique par-dessus tout.
C’est
pour cela que vous n’avez pas donné suite à d’autres sollicitations ?
J’ai eu pas mal de contacts, des offres de clubs de Ligue 1 (dont Rennes, NDLR) et Ligue 2. Je vais vous dire : on m’a proposé quatre fois mon salaire. Mais à l’instant T, je ne me vois pas faire
mon travail ailleurs. J’ai trop d’attachement avec ce club.NO, c’est un amour déraisonnable, une drogue violente.
Bosser seul, sans cellule de recrutement, n’est-ce pas déraisonnable, aussi ? Est-ce viable ?
C’est un modèle de travail que l’on a inventé, unique en France et peut-être en Europe. C’est le choix de Rani. Est-il viable ? Je dirai que oui, puisqu’il fonctionne. Sur quatre ans, ça lui
donne raison. On a conclu des transferts, reconstruit une équipe. Est-ce que je me sens capable de continuer comme ça ?Je ne sais pas… Mais j’ai des amis qui font des métiers très difficiles, et
pas bien rémunérés. Je suis conscient de la chance que j’ai. On n’est pas à la mine !
Vous
avez été ovationné samedi aux Costières à la fin du match Nîmes-Brest. Cela a dû vous faire chaud au cœur…
(Emu) Je ne m’y attendais pas. J’ai eu des frissons, et mes enfants qui étaient avec moi aussi. C’est une forme de reconnaissance énorme, devant toute ma famille et les gens que
j’aime. Je me suis dit : “Ta place, elle est là, avec eux, tu as fait le bon choix de continuer”. Les supporters pourraient vous en vouloir d’avoir jeté l’éponge en plein mercato. Ce n’est pas le
cas… Mercato ou pas mercato, le timing d’un arrêt, il n’est jamais bon ! Mais les gens ne sont pas dupes. Depuis quelques années, grâce à Rani Assaf, Bernard (Blaquart), Jérôme (Arpinon), le
staff et moi-même, ils vivent des émotions qu’ils n’auraient même pas soupçonnées. Depuis 25 ans, à part deux ou trois épopées en Coupe, Nîmes Olympique n’existait plus au plus haut
niveau.
Finalement, la dernière
recrue du mercato, c’est vous…
(Sourire) Oui, on se console comme on peut. Mais le coach (Blaquart) a dit qu’il ne voulait plus personne, alors… On n’est pas des adeptes de la surconsommation, mais on a regardé
pour un attaquant axial. Après, on n’allait pas prendre pour prendre. On compte sur Depres, Stojanovski, Denkey, même si pour les trois, pour des raisons différentes, il faudra du temps.
N’en
déplaise à Bernard Blaquart, qui l’a mal vécu, considérez-vous que votre mercato est réussi ?
Oui. Je pense que l’on a une équipe pour faire un bon maintien. Aux Costières, si on montre la même envie et la même qualité, et dans la même ambiance que contre Brest, peu de monde viendra nous
emmerder ! Tout ce qui a été prévu a été fait, à part Jovicic (Belgrade), mais parce qu’il s’est blessé deux jours avant qu’il n’arrive. Une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir gardé Paul
(Bernardoni). Ensuite, je suis Nîmois, je connais notre public d’aficionados, ils veulent des joueurs qui se battent et leur donnent du plaisir. Comme Duljevic, Ferhat ou Philippoteaux. Martinez
ou Deaux vont nous apporter beaucoup. Fomba et Sarr ont le potentiel pour devenir de grands joueurs. Et le tout avec le plus petit budget de L1.Quant à Bernard, je l’ai trouvé un peu excessif.La
Ligue 1, c’est un monde de longues négociations. Paris ne s’est pas fait en un jour. Des Vieira ou des Villas Boas ont eu des mercatos compliqués, mais ils ont toujours soutenu l’institution…Il
faut savoir que tous les départs ont été validés par le coach, dès le mois de mai. Il souhaitait conserver les Nîmois formés au club et Bernardoni : ils sont tous restés, sauf Bobichon.
Et vous
avez vendu pour quasiment 20 millions…
C’est une belle reconnaissance de notre travail. Et cela nous a permis de fortement augmenter la masse salariale pour en conserver certains. Un jour, j’avais averti Rani Assaf en lui disant :
“Fais attention, le foot ça peut te coûter 50 M€ en quelques années”. J’estime qu’il n’est pas là pour dépenser ses deniers personnels. Des gens pensent que l’on n’a pas vendu certains joueurs
assez chers. Mais ces joueurs, ils n’avaient aucune valeur marchande quand on les a pris ! En attendant le nouveau stade, qui va permettre de générer de nouvelles ressources grâce à Rani et à la
Ville, on n’a pas d’autres choix que de vendre. Certains disent aussi qu’on a payé Fomba ou Sarr un peu cher. Mais ce sont des éléments à fort potentiel de revente.
En cinq
ans, quel est votre plus joli coup de directeur sportif ?
(Il réfléchit). Je suis fier de tous. Mais je dirai Mounié, que Montpellier nous avait prêté (11 buts en L2 en 2015-2016). Je l’avais remarqué avec le MHSC quand je traçais les terrains au centre
d’entraînement de la Bastide. Je regardais les matches… Il jouait parfois n°6.
Et le
plus gros coup que vous ayez raté ?
Nicolas Pépé ! On n’avait pas été loin de le faire en 2016, mais Angers l’avait finalement gardé après son prêt réussi à Orléans, en National. Cheikh Ndoye aussi, quand il était à Créteil.
Au NO, il a tout fait !
L’histoire a commencé en 2006. "Un jour, je vais acheter des places pour un match aux Costières, raconte Laurent Boissier, alors au chômage. Je croise Alain Gazeau (alors directeur général du club) et il me propose d’entrer au club comme commercial. J’en ai parlé à mon épouse, j’ai récupéré les numéros de contacts à la tête de quelques belles affaires nîmoises, et j’ai signé un CDI six mois après…"
On est alors loin de
la direction sportive. Les années suivantes, l’homme à tout faire va successivement approvisionner les buvettes des Costières, s’occuper du club house après les matches, installer la panneautique
déroulante sur la pelouse, répondre au standard du club, travailler à la boutique de NO un jour par semaine, des relations avec les supporters…
Au complexe d’entraînement, il gère le petit-déjeuner des jeunes du centre de formation et trace les terrains. "Je peux écrire un livre", résume Boissier.
Au départ des Gazeau, il est reçu par Christian Perdrier qui fait un audit du club. "On a eu un super feeling. On s’est raconté nos vies. Il m’a dit : “Boissier, vous êtes ma plus belle rencontre au NO”." Quand les têtes tombent, quand MM. Conrad et Kasparian sont mis hors-jeu, M. Perdrier, bombardé président, convoque Boissier. "C’était le soir d’une défaite contre Orléans (le 19 décembre 2014, Ndlr) aux Costières. Il ne restait que moi. Le président me donne rendez-vous à 9 heures le lendemain. Je rentre, je dis à ma femme : bon, ben, je crois que je vais me faire virer. Pas mal de monde venait d’être licencié… J’arrive et M. Perdrier me dit : “Tu es capable de me gérer le mercato d’hiver ?”"
L’intérimaire réussit à recaser les éphémères Tchoutou et Bationo, prolonge le gardien qui monte Mathieu Michel, et fait venir Vlachodimos pour un prêt réussi. Confirmé comme coordinateur sportif, il deviendra directeur sportif. Jusqu’à se faire un prénom dans le sillage de son illustre paternel Bernard, figure de Nîmes Olympique. "Joueur, ce fut très difficile de passer après lui, répond Laurent. Mais comme dirigeant, oui, sans prétention, je pense m’être fait un prénom."
"C'est une décision qui n'est pas tombée de l'arbre. Elle est clairement, nettement et mûrement réfléchie." Assis à la terrasse d'un café nîmois, devant un Perrier, Laurent Boissier explique sa décision de démissionner de son poste de directeur sportif, qu'il occupait depuis 2016. Démission qu'il a annoncée lundi au président Rani Assaf et ce mercredi matin après l'entraînement aux joueurs.
"Depuis un an, le football ne me fait plus "bander", déroule Laurent Boissier, salarié de Nîmes Olympique depuis 2006. Ce qui me fait plaisir, c'est le match mais ce n'est qu'une heure et demie de bonheur par semaine pour cent heures de choses qui me gonflent. C'est le football que je n'aime plus, ce n'est pas Nîmes Olympique. C'est le métier qui ne me plaît plus. Le président a l'habitude de me dire qu'un boulot, c'est 80 % d'emmerdements et 20 % de bonheur. Moi, de bonheur, il n'y en avait plus que 5 %..."
Laurent Boissier, qui faisait le tampon entre le président Assaf et l'entraîneur Bernard Blaquart, l'assure, ce n'est rien en particulier qui l'a poussé à dire stop. "C'est un ensemble de choses. J'ai un trop-plein de football. Depuis quatre ans, je suis sous pression. Depuis quatre ans, je consacre ma vie à Nîmes Olympique, je pense aux autres avant de penser à moi. Je me suis un peu oublié, j'ai envie de me reposer, d'être tranquille avec les miens."
Son départ intervient en plein mercato estival. "Le timing ne pouvait pas être pire", a juste lâché ce mercredi Bernard Blaquart, qui n'a pas voulu aller plus avant. "Je m'exprimerai demain (jeudi)", a annoncé le technicien croco. "Oui, on peut se passer d'un directeur sportif à ce moment de la saison, assure de son côté Laurent Boissier. Si j'avais pensé que mon départ mettrait le club en péril, j'aurais encore pris sur moi. Ce n’est pas le cas. J'ai passé les dossiers dont certains sont bien avancés au président qui est capable de les mener à bien. Je vous rassure, d'autres recrues vont arriver."
Nîmes Olympique, dont la priorité ne va pas être de se mettre en quête d'un nouveau directeur sportif, compte recruter encore deux milieux défensifs et un ou deux attaquants. Les dossiers étudiés, alors que le départ de Thioub vers le SCO serait bien avancé de source angevine, sont ceux, entre autres, du Sénégalais Sidy Sarr (milieu défensif de Châteauroux), du Rennais Romain Del Castillo (milieu offensif), du Serbe de l'Etoile de Belgrade Branko Jovicic (milieu défensif), du Bosnien Haris Duljevic (milieu offensif). Le jeune milieu algérien Hichem Boudaoui serait également suivi par le club croco.
THIERRY ALBENQUE
Objectif Gard : Comment qualifiez-vous ce début de mercato du Nîmes Olympique ?
Laurent Boissier : On avance ! Chaque jour, ce n'est pas facile mais les premiers recrutements correspondent à nos envies premières. Regardez pour Paul Bernardoni. Le dossier n'était pas simple. Il a fallu que le joueur s'arrange d'abord avec Bordeaux. On a patienté mais le résultat est là, nous conservons Paul avec nous pour une saison de plus. Quand tu mets des noms sur une liste, tu n'es jamais sûr de rien. Mais aujourd'hui, je peux dire que les priorités de Bernard Blaquart, de Rani Assaf et les miennes se concrétisent.
Et le recrutement est loin d'être fini, non ?
Je peux vous confirmer que nous avons d'autres arrivées au programme dans les prochains jours. Nous avons une annonce qui va arriver très rapidement. Il s'agit d'un attaquant étranger qui devrait plaire aux supporters.
Les joueurs ont débuté ce lundi le traditionnel stage d'avant-saison en Espagne. Un lieu qui vous réussit depuis quelques années...
Effectivement, cela fait maintenant quatre ans que nous allons à Peralada (Espagne). C'est un super endroit, avec des installations parfaites. Il faut savoir que l'équipe de Barcelone s'est entraîné à cet endroit pendant 15 ans. En plus, le coach se sent bien, les joueurs ont maintenant leurs habitudes. J'ai envie de dire : tout va bien. Maintenant, l'équipe est en stage de préparation. Moi, je dois souffrir pour faire une bonne équipe. À eux de souffrir pendant un mois pour bien attaquer le championnat.
Un mot sur la concrétisation de l'accord la semaine dernière entre votre président et la mairie de Nîmes au sujet du stade des Costières. Vous êtes heureux de cette vente ?
Bien entendu que je suis content pour la ville, le club, les supporters. Et mon président, qui s'est battu depuis des mois et des mois pour voir se concrétiser ce projet exceptionnel. C'est quelque chose qui va faire grandir le club, indéniablement. On va bénéficier d'installations et de conditions de travail digne de ce nom. C'est la meilleure nouvelle pour le Nîmes Olympique depuis la montée.
Propos recueillis par Abdel Samari
Le directeur sportif du Nîmes Olympique évoque le mercato qui débute le 11 juin.
Chargé entre autres du recrutement au Nîmes Olympique, le directeur sportif des Crocos, Laurent Boissier fait le point sur les dossiers Savanier, Ripart, Bernardoni et consorts.
Objectif Gard : Le mercato débute le 11 juin mais on imagine que votre portable doit sonner souvent en ce moment ?
Laurent Boissier : S’il ne sonnait pas faudrait que je change de métier. Un recrutement ça ne commence pas au mois de mai, mais 5, 6 mois à l’avance. Nous avons bien sur ciblé quelques joueurs.
La belle saison que Nîmes a réalisée en Ligue 1 facilite-t-elle la tâche du recruteur que vous êtes ?
Il y a plus de joueurs susceptibles de venir jouer chez nous. Mais les gens ont tendance à oublier que ça fait 4 ans que l’on a une belle image. Il ne faut pas fixer notre travail sur l’année de Ligue 1. Les gens de l’extérieur s’en rendent beaucoup plus compte. Les gens du football savent la difficulté de travailler dans ce milieu avec les moyens qui sont les nôtres. Les Nîmois oublient et pensent que c’est normal que l’on ait fini neuvième. Je sais d’où l’on vient. Les vrais supporters n’oublient pas.
Où en est le dossier Teji Savanier ?
Il a fait une saison exceptionnelle et faut être conscient que ces joueurs sont rares, c’est merveilleux. On a énormément envie de le conserver mais il pourrait avoir des envies d’ailleurs à 28 ans, de goûter à la Coupe d’Europe et de gagner de l’argent. Je serais fier pour lui. Le joueur a trois ans de contrat. On ajustera son prix. Si tu n’as pas d’offre, tu ne peux pas donner de prix. La seule chose dont j’ai envie c’est qu’il reste avec nous. Mais je ne fixe pas le prix des joueurs. C’est le président qui s’en occupe.
À quel moment estimerez-vous que ce dossier est clos ?
Il n’y a pas de date limite.
Ce ne sera pas facile de trouver un joueur de son niveau...
Des joueurs comme ça il n’en existe pas. Je l’ai trouvé il y a quatre ans quand il était au chômage et que personne ne le voulait. C’est une vraie réussite.
Que souhaitez-vous pour ce mercato ?
Garder tous nos joueurs et ne recevoir aucune offre. Je serais le plus heureux.
Pour garder tout le monde, il faut augmenter la masse salariale. Avez-vous eu des garanties de la part du président Assaf ?
Moi je n’ai jamais eu de doute avec Rani Assaf. Il a su répondre présent et il a déjà refusé des offres pour des joueurs.
Le nom de Renaud Ripart est aussi évoqué à Rennes et Strasbourg...
Aujourd’hui c’est un joueur du Nîmes Olympique. On veut le conserver. J’espère qu’on y parviendra.
Un échange avec le Rennais Romain Del Castillo est-il envisageable ?
Non, c’est des conneries.
Umut Bozok n’a pas trop joué cette saison. Un départ est-il possible ?
Pour une saison compliquée, il a quand même fait 14 matches titulaires. Après heureusement qu’il veut jouer plus, sinon ça voudrait dire que ce n’est pas un compétiteur. Il est arrivé en tant que meilleur buteur de Ligue 2 dans un championnat où il a 22 ans. Il a été plus surveillé que les autres. Je ne suis pas inquiet pour Umut.
Allez-vous vous faire prêter des joueurs ?
Bien sûr, il y aura deux ou trois prêts qui sont en discussion. On essayera d’avoir notre effectif avant la reprise (le 25 juin, NDLR).
Justement Paul Bernardoni et Jordan Ferri, qui vous ont été prêtés la saison dernière, ont-ils une chance de revenir à Nîmes ?
Bernardoni et Ferri sont deux joueurs qu’on veut conserver. Mais ce sont des dossiers compliqués, car ils ne seront pas prêtés et donc il faut les acheter. C’est réalisable mais c'est du domaine du rêve.
Panagiotis Vlachodimos ne rentre pas dans les plans de l’entraîneur. Qu’allez-vous faire avec lui ?
Avec Pana on va essayer de se séparer tranquillement. Il ne rentre pas dans les plans de Bernard Blaquart. Tout le monde le sait (Il s’allume une cigarette). Avec le travail que fait notre entraîneur depuis quatre ans, ses choix ne sont pas discutables.
Quels postes ciblez-vous ?
Un latéral gauche en prêt et sur l’achat d’un attaquant. Un en ligue 1 et l’autre à l’étranger. Le reste se fera uniquement en fonction des départs. Mais il n'y aura pratiquement que des Français.
L’ancien Croco Olivier Boscagli peut-il être ce latéral gauche ?
Pour nous ce n’est pas un joueur qui peut jouer latéral gauche, c’est un stoppeur.
Vous avez rencontré l'ancien Croco Benoît Poulain il y a quelques jours. Faut-il en déduire qu’il revient au club ?
C’est mon ami, déjà. C’est quelque chose qui est évoqué mais l’axe de la défense n’est une priorité. Je serais le plus heureux des hommes s’il venait, mais encore une fois, ce n’est pas notre priorité et il a des offres de beaucoup de clubs en Europe.
Bernard Blaquart reste un peu flou sur son avenir à Nîmes. Sera-t-il l’entraîneur du club la saison prochaine ?
Bernard Blaquart sera l’entraîneur du Nîmes Olympique la saison prochaine. Nous avons eu une réunion avec le président et Bernard. Ça a duré 5 heures. Cela s’est très bien passé et on est très content de continuer l’aventure au Nîmes Olympique. Les réponses du président ont donné à Bernard l’envie de continuer.
Ne craignez-vous pas de perdre vos meilleurs joueurs ?
Non parce que le président ne laissera pas faire ça. Maintenant, s’il arrive des offres de fou, je serai le premier à dire au président « allez-y ».
Le club aimerait travailler avec un groupe de combien de joueurs ?
On aimerait avoir 19 joueurs de champs et trois gardiens de buts.
On dit souvent que la deuxième année est la plus compliquée, c’est aussi votre avis ?
Pas du tout, c’est des conneries. Ça fait un an qu’on confirme. Si on a le même effectif avec quelques retouches, pourquoi cela ne marcherait-il pas ? La confirmation ça serait de faire de 17e. Si les gens pensent qu’on est devenus bourgeois (sic) et qu’on va faire l’Europe, ils sont fous.
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’attaquer la saison 2019-20 ?
Je vis des moments de rêve. Je pars avec la gnaque. Je suis toujours serein et calme. Le mercato c’est un marathon. Je me dis qu’il n’y a rien de grave mais il faut faire les choses le plus intelligemment possible. Le but est de réussir les dossiers que l’on suit.
Il y a-t-il eu des offres pour le directeur sportif que vous êtes ?
Je n’ai pas à me cacher. J’en ai reçu des offres. Mon président le sait très bien. Je serai peut-être le con de l’histoire, mais je suis trop attaché à Nîmes. C’est ma ville et mon club. C’est viscéral.
Propos recueillis par Norman Jardin et Corentin Corger