Kelyan Guessoum revient de loin. Indésirable l'hiver dernier après l'arrivée de Ueda, le défenseur aujourd'hui âgé de 22 ans était annoncé du côté de Marbella, un club de 3e division espagnole. Le transfert avorte finalement et Guessoum boucle la saison 2020/2021 avec une quinzaine de matches de Ligue 1 au compteur. Parmi eux, plusieurs performances notables qui ont convaincu le Nîmes Olympique de prolonger son contrat jusqu'en 2024. 

Il est le dernier pur gardois de l'effectif. Né à Alès, enfant de La Grand-Combe, Kelyan Guessoum fait ses classes au FC Auzonnet avant de rejoindre l'Olympique d'Alès en Cévennes à l'âge de 12 ans. Il y poursuit sa progression sous l'œil avisé de Jean-Marie Pasqualetti, ancien défenseur central du Nîmes Olympique et directeur sportif du club cévenol. "J'avais un œil sur sa catégorie, se souvient-il. Je l'ai eu à l'entraînement et je l'ai coaché en match." 

Très vite, il repère chez Kelyan Guessoum un potentiel intéressant pouvant faire de lui un joueur de haut niveau. "Ce qui était étonnant pour son âge, c'est qu'il était déjà attiré par la réflexion et l'analyse de ses matches, avance Jean-Marie Pasqualetti. Il avait une lecture du jeu en avance par rapport aux autres." Un atout qui vient s'ajouter à ses qualités naturelles sur le terrain : son "sens de l'anticipation" et sa "bonne technique".

"Dans ces catégories là, il est difficile de dire qu'un jeune va finir pro, reconnaît le directeur sportif de l'OAC. Mais Kelyan avait des caractéristiques favorables. D'autant qu'il a eu un cursus réfléchi et ne s'est pas précipité. Le Nîmes Olympique le sollicitait depuis un moment, mais il a pris le temps de progresser chez nous avant de partir." 

C'est en 2014, alors qu'il est âgé de 15 ans, que Guessoum rejoint finalement les Crocos. À la tête du centre de formation à ce moment-là, un certain Bernard Blaquart. "On le connaissait et c'était logique qu'il vienne à Nîmes, se souvient-il. On a essayé de le faire changer de poste en le mettant latéral ou milieu de terrain en raison de son manque de taille. Mais lui n'a jamais vraiment adhéré. Dans sa tête, c'était un vrai défenseur central : il citait souvent l'exemple de Mascherano (1,74m) qui était titulaire au Barça à l'époque."

À l'heure où la majorité des défenseurs centraux professionnels mesurent plus d'un mètre quatre-vingt cinq, Kelyan Guessoum (1,76m, 69 kgs) détonne mais ne doute pas. "Cannavaro n'était pas plus grand que moi et il est le seul défenseur à avoir remporté le ballon d'or, balaye-t-il. Dans toutes les catégories d'âge, le problème était ma taille. On me disait "ça ne passera pas au dessus". Mais j'ai toujours réussi à répondre présent." 

Sa faculté à remporter ses duels au sol et son excellente détente compensent son manque d'envergure et convainquent les dirigeants nîmois de lui faire signer tour à tour des contrats stagiaire, aspirant puis professionnel. "Je suis arrivé au centre de formation le même jour que Théo Sainte-Luce et depuis on a tout fait ensemble, raconte Kelyan Guessoum. On était dans la même classe à l'école, on partageait souvent la même chambre au centre et on a signé professionnel le même jour." Comme le latéral gauche des Crocos dont le dernier prêt au Red Star a été plombé par une fracture au pied droit, Guessoum, longtemps cantonné au banc des remplaçants ou à l'équipe réserve, revient de loin. Enfin lancé dans le grand bain par Jérôme Arpinon à Lorient (3-0) en décembre dernier, le jeune défenseur central est auteur d'une prestation qu'il qualifie lui-même de catastrophique. "S'il y a quelques mois on m'avait dit que je prolongerais jusqu'en 2024, je ne l'aurais pas cru, en rigole-t-il aujourd'hui. Après Lorient, je me suis dit que j'avais laissé passer ma chance. Mais finalement, j'en ai eu d'autres que j'ai réussi à saisir." 

L'arrivée de Pascal Plancque libère clairement Kelyan Guessoum qui marque notamment les esprits lors de l'exploit des Crocos à Lille (1-2). Jusqu'en fin de saison, le nouvel entraîneur nîmois fait beaucoup tourner en défense centrale et lui permet de glaner du temps de jeu. Résultat, malgré la descente, Guessoum rêve à nouveau de s'imposer dans son club formateur. "La relégation en Ligue 2 peut-être une bonne chose pour lui, estime Bernard Blaquart. Il est toujours plus facile de grandir avec le club que de sauter les étapes. Plus il emmagasinera de l'expérience, plus il parviendra à compenser son manque de taille." 

Auteur d'une préparation moyenne, Kelyan Guessoum observe la charnière Martinez-Ueda depuis le banc en ce début de saison, se contentant pour le moment d'entrées en jeu au milieu de terrain."Il enchaîne de très bons entraînements ces derniers temps et je vais le récompenser à un moment donné, promet Pascal Plancque. J'aime beaucoup ce qu'il fait." Avec la blessure longue durée d'Anthony Briançon, les possibilités de rotation ne sont pas légion pour le coach nîmois et Kelyan Guessoum pourrait bien ne pas attendre son heure très longtemps.

"Si je joue entre 25 et 30 matches, j'aurais réussi ma saison", se projette l'intéressé qui rêve de porter un jour le maillot de la sélection algérienne. "Ce sont mes racines paternelles, je vibre derrière l'équipe depuis tout petit." Mais d'ici là, Guessoum a encore beaucoup de chemin à parcourir pour s'imposer dans le monde du football professionnel. Humble et déterminé, il sait que le plus dur commence.

Boris Boutet

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Stanislas Golinski
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Stanilas Golinski quand il avait 80 ans, toujours fidèle à Nîmes
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